Accord de Kunming-Montréal |
♦ Signé lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique, à Montréal en 2022, ce pacte de paix avec la nature vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique. Les États signataires devront en principe avoir mis sous protection 30 % des espaces terrestres, des eaux intérieures, des espaces côtiers et des zones marines. Trente pour cent des espaces dégradés devront aussi être soumis à des processus de restauration et de réhabilitation écologique. Même si 30 % du monde est protégé, il faudrait également qu’il y ait le plus de nature possible dans les 70 % restants. L’Accord de la COP15 prévoit de diminuer de 50% l’impact des substances nocives : résidus de pesticides et de polluants, micro-plastiques, déchets, par une meilleure gestion des pratiques agricoles, une meilleure gestion des déchets, etc. Il prévoit, d’ici 2025, l’identification et l’élimination, la mise à l’arrêt ou la réforme des dispositifs de subventions publiques sur ces substances, et même, la baisse de 500 milliards de dollars des subventions aux substances toxiques d’ici 2030. Le cadre mondial doit garantir l'accès aux ressources financières, en particulier pour les pays en développement, les 46 nations reconnues par l'ONU sous l'appellation de pays les moins développés ainsi que les petits États insulaires et les économies en transition. L'effort commun de mobilisation doit tendre à combler progressivement le déficit de financement de la biodiversité de 700 milliards de dollars par an. Le texte appelle également à une utilisation durable des espèces, de façon à prévenir la surexploitation et à minimiser les impacts sur les populations, en respectant et en protégeant les pratiques traditionnelles des nations autochtones et des communautés locales.
> L’accord contient 23 cibles qui visent à protéger la biodiversité mondiale. La mise en oeuvre de ces cibles dépendra de chaque pays signataire.
- Cible 1. Diminuer à « près de zéro » la perte des aires très riches en biodiversité d’ici 2030.
- Cible 2. S’assurer qu’au moins 30 % des milieux naturels dégradés seront en restauration d’ici 2030.
- Cible 3. S’assurer que 30 % des milieux terrestres, d’eau douce, côtiers et marins, particulièrement ceux de haute importance pour la biodiversité, seront protégés d’ici 2030. Une « utilisation durable » de ces territoires est autorisée, pourvu que cela se fasse en cohérence avec les objectifs de protection. Les droits des communautés autochtones et locales sur ces territoires doivent également être assurés.
- Cible 4. Agir pour arrêter l’extinction d’espèces causée par l’humanité et pour favoriser le rétablissement des espèces menacées.
- Cible 5. S’assurer que la récolte d’espèces sauvages est faite de manière « durable, sécuritaire et légale », prévenir la surexploitation et réduire les risques de « débordement » des pathogènes d’une espèce à l’autre.
- Cible 6. Réduire les conséquences des espèces exotiques envahissantes ; diminuer de 50 % les taux d’introduction de ces espèces d’ici 2030.
- Cible 7. Réduire les risques créés par la pollution d’ici 2030 à des niveaux qui ne soient pas dangereux pour la diversité biologique. Il est notamment question de réduire de 50 % les pertes de nutriments (comme les engrais) dans l’environnement, de réduire de 50 % les risques associés aux pesticides et de « travailler » vers l’élimination de la pollution par le plastique.
- Cible 8. Réduire les conséquences des changements climatiques et de l’acidification des océans sur la biodiversité, notamment avec des « solutions fondées sur la nature » et/ou des « approches basées sur les écosystèmes ».
- Cible 9. S’assurer d’une gestion soutenable des espèces sauvages, de manière à fournir des bénéfices « sociaux, économiques et environnementaux » aux communautés qui en dépendent.
- Cible 10. S’assurer d’une gestion durable des territoires où l’on pratique l’agriculture, l’aquaculture, les pêcheries et la foresterie.
- Cible 11. Restaurer et rehausser les services écosystémiques, comme la santé des sols et la pollinisation, avec des « solutions fondées sur la nature » et/ou des « approches basées sur les écosystèmes ».
- Cible 12. Accroître significativement les espaces « bleus » et « verts » dans les milieux urbains.
- Cible 13. Agir pour s’assurer du partage « juste et équitable » des bénéfices découlant de l’utilisation des données génétiques. D’ici 2030, arriver à un « accroissement significatif » du partage de ces bénéfices.
- Cible 14. Intégrer pleinement la question de la biodiversité dans l’ensemble des politiques publiques, notamment celles liées au développement.
- Cible 15. Agir pour que les grandes entreprises rendent des comptes au sujet de leurs effets sur la biodiversité et réduisent leurs conséquences négatives sur la nature.
- Cible 16. Encourager les gens à faire des choix de consommation durable. D’ici 2030, réduire l’empreinte mondiale de la consommation, réduire de 50 % les déchets alimentaires, réduire « significativement » la surconsommation, de même que la création de déchets.
- Cible 17. Mettre en oeuvre les mesures de biosécurité et de manipulation de la biotechnologie stipulées dans certains articles de la Convention sur la diversité biologique.
- Cible 18. Recenser les subventions néfastes pour la biodiversité d’ici 2025. Les réduire d’au moins 500 milliards de dollars américains d’ici 2030.
- Cible 19. Investir au moins 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour protéger la biodiversité dans le monde. Les pays développés s’engagent à verser 20 milliards par année d’ici 2025, et 30 milliards d’ici 2030, aux pays en développement pour protéger leur diversité biologique. L’accord prévoit aussi d’accroître le recours aux fonds privés. Il encourage également le fait de mettre en place des « mécanismes innovants », comme les paiements pour les services écosystémiques et les crédits compensatoires pour la biodiversité.
- Cible 20. Favoriser la coopération scientifique entre les pays du Nord et ceux du Sud au sujet de l’exploitation durable de la nature et de sa protection.
- Cible 21. S’assurer que les meilleures informations sont disponibles pour la prise de décisions en lien avec la biodiversité. S’assurer que les connaissances autochtones sont utilisées avec le plein consentement de leurs détenteurs.
- Cible 22. S’assurer que la prise de décisions au sujet de la biodiversité se fait de manière inclusive, dans le respect des femmes, des jeunes, des autochtones et des personnes handicapées.
- Cible 23. S’assurer que la mise en oeuvre du cadre de l’accord de Kunming-Montréal est réalisée dans une perspective d’égalité des genres.
♦ Site internet : https://www.ledevoir.com/environnement/775195/cop15-decouvrez-les-23-cibles-de-laccord-de-kunming-montreal
♦ Équivalent étranger : Kunming-Montreal agreement.
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