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« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage "Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature" constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

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Terme Définition
Capacité de stockage de carbone

Quantité de carbone stockée dans un écosystème sous des conditions déterminées de l'environnement et de régime de perturbations naturelles, donc excluant toute perturbation d'origine anthropique.

> Chaque année, sur les 8,9 gigatonnes (Gt) de carbone rejetées dans l'atmosphère en raison des activités humaines, 2,5 sont absorbées par les écosystèmes terrestres et 2,3 par les océans. Les gigatonnes restantes, en s'accumulant dans l'atmosphère, participent au réchauffement de la planète.
Il existe deux cycles du carbone en interaction étroite, mais répondant à des échelles de temps très différentes : un cycle court, qui implique le vivant, les océans de surface et les sols et un cycle long dans lequel interviennent les profondeurs des océans, les roches et sédiments, les volcans et les combustibles fossiles.

Les réservoirs de carbone sur terre sont :

  • Roches et sédiments : 66.000.000 Gt
  • Océan profond : 38.000 Gt
  • Combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) : 5.000 Gt
  • Sols : 1.560 Gt
  • Océans de surface : 1.000 Gt
  • Atmosphère : 800 Gt (600 Gt avant l'industrialisation)
  • Biomasse (végétaux et animaux) : 610 Gt.

L'océan absorbe du carbone par deux mécanismes : une pompe physique et une pompe biologique. La pompe physique vient de la dissolution du CO2 atmosphérique dCycle du carboneCycle du carbone
Credit -
https://www.les-crises.fr/climat-4-cycle-carbone/

> Dans les eaux de surface : elle égalise la concentration en CO2 de chaque côté de l'interface eau/air. Ce mécanisme permet de stocker du carbone en profondeur pendant environ 1 000 ans (échelle de temps de la circulation océanique profonde). La pompe biologique est due à l'activité du phytoplancton de surface : par photosynthèse, il fixe le CO2 dissous dans les eaux de surface, réduisant ainsi la quantité de CO2 en surface, donc augmentant l'absorption. À leur mort, les organismes tombent puis sédimentent, stockant le CO2 dans les sédiments océaniques pendant plusieurs dizaines de milliers d'années. Cependant, ce phytoplancton est sensible à l'acidité : l'acidification de l'océan par l'augmentation de la concentration en CO2 risque donc d'en réduire la quantité, et, par là-même, l'efficacité de la pompe biologique. Par ailleurs, la végétation aquatique dans les zones côtières contribue significativement à la séquestration du carbone dans les sédiments océaniques, dont on estime qu'entre 50 et 71 % provient de ces écosystèmes côtiers.

> La végétation absorbe le CO2 par photosynthèse, en particulier lors de sa croissance. Ce carbone est ensuite stocké, d'abord dans les végétaux, puis à leur mort dans le sol. Tous les sols ne stockent pas la même quantité de carbone, ni pendant la même durée, mais de façon générale, les forêts, les tourbières et les prairies naturelles stockent plus de carbone que les terres agricoles cultivées intensivement.

> Les tourbières occupent la première place dans la hiérarchie des écosystèmes terrestres stockant le plus de carbone. En raison de conditions asphyxiantes (présence d'eau permanente), le taux de décomposition des végétaux accumulés est très faible, conduisant à une accumulation de matière organique, donc de carbone. Exploitées depuis des temps immémoriaux comme source de combustible, elles sont aujourd'hui gravement menacées à plus large échelle. Dans de nombreux pays, elles subissent des drainages visant à créer des terres cultivables, ce qui augmente le risque d'incendie dans ces milieux fragiles et réamorce les processus de décomposition.

> Les tourbières tropicales abritent l'une des plus grandes réserves de carbone à l'état organique du monde, réserve qui en contiendrait environ 89 000 téragrammes (1 Tg est égal à un milliard de kilogrammes). L'Indonésie recèle quelques 65 % de cette réserve de carbone. Le défrichement des forêts tropicales indonésiennes, afin de cultiver des palmiers pour l'huile de palme, provoque le relâchage de dioxyde de carbone. Ainsi, la déforestation tropicale contribue à 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. On estime que le bilan carbone d'une forêt ayant subi une coupe rase redevient positif seulement au bout de 15 ans. L'exploitation des forêts primaires a donc des impacts durables sur leurs capacités de stockage de carbone, même si elles sont reboisées par la suite.
En imperméabilisant les sols, leurs capacités de stockage de carbone deviennent limitées. De plus, l'étalement urbain contribue au gaspillage énergétique. Cette artificialisation des sols est un processus irréversible.

> Les habitats tels que les mangroves, marais saumâtres, herbiers marins et récifs coralliens représentent plus de 50 % du stock de carbone sédimentaire des océans. Ces écosystèmes stockent l'équivalent de la moitié des émissions annuelles du secteur du transport. La biomasse des océans ne représente que 0,05 % de la biomasse terrestre, et pourtant, elle capte près de 55 % du carbone utilisé par les végétaux.

> L'écosystème forestier (et en particulier le système arbre/sol) est, après le plancton océanique et avec les tourbières et les prairies, le principal puits de carbone naturel planétaire, essentiel au cycle du carbone. Il accumule d'énormes quantités de carbone dans le bois, les racines, le sol et l'écosystème via la photosynthèse. L'ONU/FAO estime que « l'expansion des plantations d'arbres pourrait compenser 15 % des émissions de carbone des combustibles fossiles » dans la première moitié du XXIème siècle sous réserve qu'elles ne le relarguent pas prématurément, et qu'on n'ait pas surestimé les surfaces enforestées et leur capacité de stockage et qu'il ne s'agisse pas que de plantations d'essences à croissance rapide.
En effet, les plantes absorbent le CO2 de l'atmosphère, stockant une partie du carbone prélevée et rejetant de l'oxygène dans l'atmosphère. Chez les arbres, les essences pionnières, à croissance rapide (peuplier, saule ou bouleau en zone tempérée, bois-canon, creux, à la manière du bambou, en zone tropicale), n'absorbent généralement que peu de carbone et le relarguent vite et facilement. Au contraire, les bois durs et denses en contiennent plus, et pour le plus longtemps, mais ils croissent généralement bien plus lentement (siècles à millénaires pour les «  très gros bois »). À maturité, l'absorption est moindre, mais le carbone représente 20 % de leur poids (en moyenne, et jusqu'à 50 % et plus pour des bois denses tropicaux).

> Quand l'arbre meurt, il est décomposé par des communautés saproxylophages (bactéries, champignons et invertébrés) qui recyclent son carbone sous forme de biomasse, nécromasse (cadavres, excrétas et excréments de ces organismes) et sous forme de gaz (CO2, méthane, libérés dans l'atmosphère ou l'eau). La forêt et d'autres écosystèmes continueront à stocker ou recycler ce carbone par une régénération naturelle. Toutes les forêts tempérées (hors incendies et exploitation) accumulent le carbone. Une grande partie des forêts tropicales (hors forêts tourbeuses) sont réputées stables (source = puits), et les forêts boréales jouent un rôle plus complexe (plus sensibles aux défoliations et au feu).
Il arrive localement que les arbres morts, les roseaux et les plantes des marais se décomposent lentement et imparfaitement, en conditions anaérobies, sous la surface du marais, produisant des tourbes. Le mécanisme est suffisamment lent pour que, dans la plupart des cas, le marais grandisse assez vite et permette de fixer plus de carbone atmosphérique que ce qui est libéré par la décomposition. Un quart du carbone absorbé par les forêts l'est par les plantes et le sol.

> Il est distingué quatre différents stocks de carbone :

  • la biomasse aérienne dans les tiges, les souches, les branches, l’écorce, les graines et le feuillage ;
  • la biomasse souterraine dans les racines vivantes. Les radicelles de moins de deux mm de diamètre sont exclues car il est souvent difficile de les distinguer empiriquement de la matière organique du sol ou de la litière ;
  • le carbone du bois mort, hors de la litière, soit sur pied, soit gisant au sol, soit dans le sol. Le bois mort comprend le bois gisant à la surface, les racines mortes et les souches ;
  • le carbone de la litière, présent dans toute la biomasse non vivante dont le diamètre est inférieur au diamètre minimal pour le bois mort, gisant à différents stades de décomposition au-dessus du sol minéral ou organique ;
  • le carbone organique dans le sol, présent dans les sols minéraux et organiques (y compris les tourbières).

Dans un contexte climatique incertain, certaines forêts plus vulnérables peuvent devenir des sources de CO2, notamment en cas d'incendie, ou provisoirement après les grands chablis couchés par de fortes tempêtes ou après les grandes coupes rases.
Les travaux (2017) issus des données du satellite OCO-2 montrent que dans les années 2010, près d'un quart du CO2 anthropique est absorbé par l'océan (en l'acidifiant) et un autre quart est absorbé par les sols et écosystèmes terrestres, mais les lieux et processus de puits terrestres de carbones restent mal cernés en particulier concernant les parts respectives des forêts tempérées, tropicales et équatoriales, eurasiennes notamment.

♦ Équivalent étranger : Carbone storage capacity.

Capacité limite

Nombre maximum d'individus qu'un environnement donné peut supporter sans dommage.
Équivalent étranger : Carrying capacity.

Capacité piscicole

♦ À qualité d’eau et niveau trophique égaux, la capacité piscicole d’un site d’eau courante est déterminée par la diversité et la qualité des combinaisons de hauteurs d’eau, de vitesses de courant et de substrats/supports. La démarche diagnostique consiste à réaliser une cartographie codifiée de chacune des composantes de la qualité physique, puis de considérer leur combinaison. Les compositions des différentes mosaïques et et de leur superposition peuvent ainsi être appréciées et confrontées d’une station à l’autre.
♦ Équivalent étranger : Fish productive capacity.

Capacité reproductive

♦ Possibilité pour un organisme de produire une descendance viable, mesurée par le nombre de jeune ou le taux de survie à un stade de la reproduction.
♦ Équivalent étranger : Reproductive capacity.

Capacité tampon

Désigne la capacité d'atténuer l'effet (nuisible) d'un facteur ou d'un processus. Souvent, le tampon absorbe le facteur nuisible et le transforme en un composé inoffensif. Les capacités tampons des écosystèmes expliquent leurs réponses non linéaires aux nuisances.
Équivalent étranger : Buffering capacity.

Capital naturel

Métaphore économique pour définir les stocks limités de ressources naturelles physiques et biologiques trouvées sur terre. Il existerait quatre type de ressources : le capital naturel renouvelable (espèces vivantes et écosystèmes), le capital nature non renouvelable (sous-sol, pétrole...), le capital nature réapprovisionnable (air, eau potable...) et le capital nature cultivé (cultures et plantations forestières).
Le capital est traditionnellement défini comme étant les moyens de production de produits manufacturés. Une définition plus fonctionnelle du capital est de le comprendre comme un fonds ou un stock (une pêcherie ou une forêt, un puits de pétrole ou un ensemble de machines dans une entreprise) qui produit un flux (soutenable ou non soutenable) de biens ou de services valorisables dans le futur. Par exemple, une population d'arbres ou de poissons produit un flux ou une récolte annuelle de nouveaux arbres ou poissons, un flux qui peut être soutenable année après année. Le flux soutenable est le revenu naturel ; il représente la production issue du capital naturel. Celui-ci peut également fournir des services comme le recyclage des déchets, le captage de l'eau ou le contrôle de l'érosion, qui sont également comptabilisés comme des revenus naturels. Comme le flux de services que l'on retire des écosystèmes requiert qu'ils fonctionnent en tant que système entier, la structure et la diversité du système est une caractéristique importante du capital naturel.
Équivalent étranger : Natural capital.

Capsule

♦ Fruit sec qui libère les graines quand il s'ouvre.
♦ Équivalent étranger : Capsule.

Capturabilité

♦ Probabilité d'être capturé par unité d'effort, pour un individu pris au hasard dans un ensemble, par exemple une classe d'âge.
♦ Équivalent étranger : Capturability.

Captures

♦ Nombre ou poids de tous les poissons pêchés, que les poissons aient été débarqués ou non.
♦ Équivalent étranger : Catches.

Captures accidentelles, prises accessoires

Espèces capturées involontairement dont l'occurrence est faible.
♦ Équivalent étranger : By-catch, incidental catches.

Captures par unité d’effort

Captures totales divisées par l'effort total utilisé pour capturer cette quantité.
♦ Équivalent étranger : Catch per unit of fishing effort, CPUE.

Captures/recaptures

Méthode d'étude qui consiste à capturer, marquer et recapturer afin de déterminer l'importance de la population et sa structure démographique. Le principe de base consiste à :

  • Tirer un échantillon aléatoire d'une population d'une espèce animale
  • Marquer les animaux puis les relâcher
  • Tirer un second échantillon et compter le nombre d'animaux marqués
  • Estimer la population totale en faisant une règle de trois.

Comme n1 est un échantillon de taille inconnue de la population totale, on écrit l'équation :

                      P = n1 / N
   où              n1 = Taille de l'échantillon 1
                      N = Taille de la population

Lors de la recapture, un échantillon de taille n2 est collecté et le nombre d'animaux marqués m2 est compté.
La proportion d'animaux marqués dans le second échantillon (m2 / n2) devrait permettre d'estimer la proportion P d'animaux marqués dans la population totale (P = n1 / N). On peut donc établir que :

                     P = m/ n2 = n1/N

d'où l'équation donnant la taille de la population totale :

                     N = n1 n/ m2

Cette équation de base suppose de travailler avec une population fermée (pas de migration, pas de mortalité ni de naissance). Si la population est ouverte, la probabilité de capture risque de changer, par exemple de diminuer, et dans ce cas, N (la population totale) risque d'être surestimé. Des modèles plus complets ont donc été développés afin de tenir compte de ces éléments.

Pour les poissons, cette technique consiste à prélever, en deux ou trois passages, la totalité des individus de plus de deux centimètres observés sur la station d’étude. Chaque individu est mesuré, pesé, sexé et marqué avec du vernis à ongle, puis remis à l’eau sur la station.
48 heures plus tard (pour laisser les individus marqués se répartir sur la station), une autre pêche en deux ou trois passages est effectuée, au cours de laquelle sont comptés le nombre d’individus marqués et non marqués prélevés, afin d’estimer l’effectif total sur la station grâce à la formule de Petersen. Les individus non marqués sont mesurés, pesés, sexés :

                     mt / NT = rm / Rt
                     NT : effectif total de la population
   où              mt : nombre d’individus marqués au premier passage
                     Rt : nombre d’individus capturés au second passage
                     rm : nombre d’individus marqués capturés au second passage

L’écart-type de ce résultat prend la forme :

                     σ2 = Nt2 [ ( NT - mt ) x ( NT - Rt ) ] / mt x Rt ( Nt - mt)

Les conditions nécessaires pour appliquer cette équation sont :

  • la population doit être stationnaire ;
  • la probabilité de capture doit être la même pour tous les individus ;
  • la recapture doit être un échantillonnage aléatoire ;
  • le marquage doit être pérenne, sans influencer la probabilité de capture.

Pour les populations présentant de fortes densités, il est possible d’effectuer une troisième pêche 48 heures après la deuxième, en effectuant un deuxième marquage différent du premier. L’estimation de l’effectif de la population se calcule alors avec la méthode de Schnabel ajustée par Chapman (1952) :

                     Nt = Σ [ (Ci mi) / (R + 1) ]

                     Nt : effectif de la population
   où             Ci : effectif du nième échantillon
                     mi :nombre d’individus marqués juste avant la nième pêche
                     R : nombre total d’individus marqués recapturés au bout des n pêches successives

L’écart-type de ce résultat prend la forme :

                     σ2 = R / [ Σ ( Ci x mi ) ] 2

Les conditions d’application sont les mêmes que pour la méthode de Petersen.

♦ Équivalent étranger : Mark-recapture method.

CAR

Acronyme pour : "Consentement à recevoir"
Le CAR est la somme minimale d'argent qu'un individu exigerait pour volontairement renoncer à une amélioration de la qualité de service rendu par un actif naturel. Autrement dit, c'est une compensation monétaire que le consommateur est prêt à recevoir pour subir une perte de bien être. Le consentement à recevoir est approprié pour évaluer un dédommagement à la suite d'une détérioration de l'environnement.
Synonyme : Consentement à accepter (CAA)
Équivalent étranger : Willingness to accept compensation (WTA)

Caractère

N‟importe quelle caractéristique, apparence ou propriété d'un organisme.
Équivalent étranger : Character.

Caractère naturel - degré de naturalité

Fait référence au degré d'impact et de changement d'une zone en raison d'activités humaines. Une zone présentant un fort caractère naturel n'a subi que peu ou pas de perturbation ou de dégradation par l'Homme : son état est vierge ou presque vierge.
Équivalent étranger : Natural state.