Once upon a time there was Naoero, a tiny charming island out of nowhere, a kind of Eden where life was good because nature provided for all the needs of the men and women who lived there...
Let me tell you the story of a “lost paradise”.
The Genesis
> Il y a 47 à 29 millions d'années, dans le Pacifique, surgit des entrailles du bassin de Nauru un volcan qui, au fil du temps, donne naissance à une mont basaltique de plus de 4000 mètres affleurant l’eau. Une île est née.
Le corail s’y implante, édifiant un massif d'une épaisseur de 500 mètres dont la partie superficielle a environ 5 à 0,3 millions d'années.
> Les réactions chimiques du calcaire avec les composants de l’eau de mer combinées aux phénomènes d’érosion qui accompagnent la baisse du niveau des océans lors des périodes glaciaires, forgent progressivement la surface de l’île.
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> Nous sommes maintenant il y a un peu plus de 10 000 ans, c’est la fin du Pléistocène, la dernière glaciation. Le niveau des océans vient de se stabiliser et un récif corallien délimitant un petit lagon large de 100 mètres à 300 mètres et peu profond (un mètre en moyenne) se constitue autour de l'île dont la superficie dépasse à peine les 20 km2.
> Située près de l’équateur, l’abondance d’eau de pluie et la richesse du sol favorisent le développement d’une forêt primaire tropicale constituée à partir de végétaux à la dérive. Les oiseaux migrateurs de passage y déposent leur lot de graines et de larves d’insectes mais également leurs fientes et le guano s'accumule. Du fait de son extrême isolement, les rares espèces végétales et animales qui y élisent domicile restent endémiques. |
Ecce homo> Depuis déjà plusieurs millénaires, des aventuriers se hasardent sur les eaux de l'océan pacifique à bord de grandes pirogues à double coque munies de voile et peaufinent leurs techniques de navigation. Ces austronésiens, car c'est ainsi qu'ils seront nommés bien plus tard, sont les premiers grands navigateurs de l'histoire de l'humanité. |
> Il y a environ 3 500 à 4 000 ans, emportant avec eux plantes et animaux et forts de leurs techniques d'agriculture et de poterie, ils s'installent dans toute l’Océanie. Partis des Îles Fidji, ils réussissent à atteindre le continent Sud américain d'où ils rapportent la patate douce.
> Certains, d'origine mélanésienne ou micronésienne, finissent par échouer on ne sait quand ni comment sur cette îlot qui culmine à 70 mètres au-dessus de la mer. Ils y élisent domicile et lui donne un nom : Naoero. > La société îlienne s'organise alors en douze tribus, parlant chacune un dialecte différent et vit de la culture des cocotiers, bananiers, pandanus et takamakas. Elle pratique la pisciculture : les poissons-lait prélevés à l’intérieur du lagon sont élevés dans deux lagunes de l'île. |
Cosmogonie Happé par un bénitier, Areop-Enap réussit à en venir à bout grâce à l’aide d’un petit escargot, d’un grand escargot et d’une chenille présents dans le coquillage. À partir de la valve supérieure du bénitier qui l’avait emprisonné, il créa le ciel. De la valve inférieure, il fit la Terre. |
Premiers contacts avec la civilisation européenne
> Nous sommes le 8 novembre 1798. Une embarcation se profile à l'horizon, la plus grande et la plus sophistiquée que les habitants de Naoro n'aient jamais vue. Piqués de curiosité, ils mettent toutes les pirogues à l'eau et vont à sa rencontre. C'est la baleinière Hunter du navigateur britannique John Fearn. Les hommes qui la manoeuvre ont la peau pâle, un long nez et sont étrangement vêtus.
> Sur le navire, le capitaine note dans son livre de bord que les indigènes ne sont ni armés, ni ornés de tatouages comme c'est souvent l’usage en Océanie. “Pleasant Island”, c'est le nom qu'il attribue à ce lieu où les Hommes semblent pacifiques.
> Après cette première rencontre, l'île alors peuplée de quelques centaines d'habitants seulement, sert de refuge à quelques européens en rupture de banc (repris de justice , déserteurs et contrebandiers). Avec eux, les indigènes découvrent les outils en métal et les armes à feu dont la puissance les fascinent, mais également l'alcool et le tabac. Ils commencent à s'en procurer grâce au troc, les échangeant contre des produits locaux - coprah et noix de coco qui servent d’engrais et de nourriture pour animaux.
> Avec les nouveaux venus, certaines maladies inconnues font des ravages. Qu’elles se nomment influenza, dysenterie ou tuberculose, elles tuent sans discernement. Confrontés la brutalité et au despotisme de l’un de ces nouveaux dieux, nos îliens doivent se résoudre à le bannir. La société traditionnelle commence à se déliter, et le règlement des conflits par la négociation s’avère de plus en plus difficile.
> Plus tard, encouragés par certains de ces européens, certains des îliens décident de se livrer à des actes de piraterie. Mus par l’espoir de s’accaparer les richesses et les armes dont regorgent ces navires, ils commencent à vendre leur âme au diable. Les grands voiliers évitent alors de croiser aux abords de “Pleasant Island” qui ne l’est plus tout à fait.
Caïn et Abel> Cette communauté où armes et alcool circulent continue de s’acculturer et de céder à la violence. Les jalousies vont bon train. Au cours d’une cérémonie de mariage, un coup de feu retentit. Un jeune chef de tribu touché accidentellement meurt de sa blessure. Il n'en faut plus d'avantage pour qu'éclate la guerre. Aux escarmouches succèdent les razzias avec leurs lots de meurtres de femmes et d’enfants. Auweyida, le « roi » de l'île, incapable de faire revenir la paix, appelle à l’aide. Il souhaite une médiation extérieure et l'arrivée de missionnaires sur l'île. > En 1872 débarquent des étrangers d'un nouveau genre. Leur dialecte aux accents gutturaux diffère des précédents. |
Depuis la défaite en Europe des Français à Sedan, britanniques et allemands ont défini leurs zones respectives d’influence dans cette partie du monde. Naoero vient de tomber dans l’escarcelle du Kaiser et ces commerçants et missionnaires allemands (protestants puis catholiques) viennent jouir de leur prérogatives. Avec eux l'île prend pour nom de Nauru. Malgré leur présence le conflit se pérennise, car bien que tous les protagonistes souhaitent la paix, c'est la défiance entre les clans qui domine.
> Le 16 avril 1888, au prétexte d’y rétablir la paix, l'Empire allemand annexe l'île. Après confiscation des armes et prohibition de l'alcool les exactions cessent. Les Nauruans , après avoir perdu leur âme, viennent de perdre la propriété de leur sol. Au terme de ce conflit qui aura duré dix ans, plus de 800 armes sont récupérées alors qu’ils ne sont plus que 1300 encore en vie. Un tiers de la population aura été sacrifiée sur l’autel de la rancune et de la haine.