♦ Le terme “biodiversité” fut introduit la première fois en 1980 par Thomas Lovejoy puis repris en 1985 par Walter G. Rosen qui préparait le Forum de Biology diversity pour le National Research Council de 1986. Wilson consacra le terme de biodiversité dans la littérature scientifique, notamment dans le compte-rendu de ce même Forum en 1988.Contraction de biologique et de diversité, il représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes : la faune, la flore, les bactéries, les milieux mais aussi les races, les gènes et les variétés domestiques.
Le terme vise à caractériser l'érosion du monde vivant résultant des activités humaines, ainsi que les activités de protection et de conservation, qu'elles se manifestent par la création d'aires protégées ou par des modifications des comportements en matière de développement (concept de développement durable). On utilise assez indistinctement le terme de diversité biologique et de biodiversité.
Robert Barbault a défini la biodiversité comme « le tissu vivant de la planète » afin de mettre en évidence que l'intérêt de la diversité vient du réseau des interactions.
L’article 2 de la CDB définit la biodiversité de la façon suivante :
« La variabilité parmi les organismes vivants de toutes les origines et comprenant, entre autres, les écosystèmes terrestres et marins, ainsi que les autres écosystèmes aquatiques, et les complexes écologiques desquels ils font partie ; cela inclut la diversité parmi et entre les espèces, ainsi que celle des écosystèmes. »
Face aux menaces que constituent les activités de l'espèce humaine sur les autres formes de vie, la préservation de la biodiversité constitue aujourd'hui un enjeu majeur. C'est pourquoi, après les Conférences de Stockholm (1972) et de Rio de Janeiro (1992), ont été définis des objectifs de protection des milieux naturels et des espèces qu'ils abritent tout en prenant en compte l'intérêt des populations locales. Pour cela, il est nécessaire de respecter les trois objectifs de la stratégie mondiale de la conservation :
• Maintien des processus écologiques essentiels
• Préservation de la diversité génétique
• Utilisation durable des espèces et des écosystèmes.
Les causes à l'origine de la perte de la biodiversité sont nombreuses mais peuvent être ramenées à trois principales :
> Les causes naturelles dominées par la sécheresse (cause renforcée par les activités humaines) et ses corollaires ainsi que par l'érosion éolienne et hydrique ;
> Les causes anthropiques plus nombreuses et plus variées. Elles intègrent les éléments suivants :
• Les défrichements excessifs et incontrôlés pour les terres de culture ;
• L'exploitation forestière excessive et incontrôlée ;
• Le braconnage ;
• La surexploitation et la mauvaise exploitation des ressources halieutiques.
> Les causes liées au cadre juridique et institutionnel dues à plusieurs facteurs isolés ou associés, tels que :
• Une réglementation inexistante ou inadaptée ;
• Une réglementation non appliquée ou mal appliquée ;
• Une réglementation incohérente à cause de la multiplicité de textes parfois contradictoires.
Il est tellement difficile de persuader la collectivité de sauvegarder la biodiversité pour ce qu'elle est que certains spécialistes n'ont pas hésité à rechercher un autre type d'argumentation, fondé sur son importance économique. En effet, la biodiversité a, en elle-même, une valeur économique certaine, en fonction des valeurs d'usage qui s'appliquent à l'utilisation et à la commercialisation.
♦ Typologie des valeurs de la biodiversité proposée par les économistes
• Valeur de consommation directe (appelée également valeur intrinsèque) qui correspond à :
La consommation des ressources sans transformation : chasse, pêche, cueillette
• Valeur productive correspondant à :
L'utilisation des ressources génétiques dans des cycles productifs (obtention variétale, exploitation forestière, pêche, médicaments à base de plantes médicinales.
• Valeur récréative correspondant à :
L'exploitation sans consommation (écotourisme, activités récréatives)
• Valeur écologique, liée à :
L'interdépendance entre organismes et au bon fonctionnement des systèmes naturels.
• Valeur d'option, liée à :
L'exploitation future des ressources génétiques.
• Valeur d'existence, liée à :
La satisfaction et au bien-être que procure l'existence de la biodiversité.
La biodiversité doit être conservée comme source d'émerveillement bénéfique à l'Homme, pour les valeurs esthétiques, spirituelles ou culturelles qu'elle apporte, ou comme patrimoine à transmettre aux générations futures, toute perte étant considérée comme irréversible.
De nombreuses méthodes ont été imaginées pour permettre de quantifier les valeurs de la biodiversité. Les méthodes les plus souvent employées, leurs contraintes et leurs limites sont présentées ci-après.
♦ Méthodes d’évaluation des biens et services procurés par la biodiversité
> Méthode du prix du marché
Elle s'applique aux Valeurs d'utilisation directe
La valeur est estimée à partir du prix du marché commercial (Loi de l'offre et de la demande).
Limites : Les imperfections du marché (subventions, manque de transparence) et la politique entraînent des distorsions sur le prix du marché.
> Méthode du coût des dommages évités, du coût de remplacement ou du coût de substitution
Elle s'applique aux Valeurs d'utilisation indirecte :
• protection du littoral,
• prévention contre l'érosion,
• contrôle de la pollution,
• rétention de l'eau
La valeur de suppression d'un polluant, notamment organique, peut être estimée sur la base du coût de la construction et de l'exploitation d'une station d'épuration de l'eau (coût de substitution).
La valeur du contrôle des inondations peut être évaluée à l'aune des dommages causés par une inondation (coût des dommages évités).
Limites : On suppose que les coûts des dommages évités ou des solutions de substitution correspondent au produit original.
De nombreux facteurs extérieurs peuvent toutefois changer la valeur du produit attendu initialement et la méthode peut donc conduire à des sous-estimations ou à des surestimations.
Les compagnies d'assurance sont très intéressées par cette méthode.
> Méthode des frais de voyage
Elle s'applique aux Loisirs et tourisme.
La valeur récréative d'un site est estimée en fonction des sommes que les individus sont disposés à payer pour y accéder.
Limites : Cette méthode ne donne qu'une estimation. Les surestimations sont fréquentes car le site peut ne pas être la seule raison de voyager dans la région.
Cette méthode exige également beaucoup de données quantitatives.
> Méthode de tarification hédoniste
Elle s'applique à certains aspects des Valeurs d'utilisation indirecte, d'utilisation future et de non-utilisation.
Cette méthode est utilisée quand les valeurs des sites influencent le prix des biens commercialisés.
L'air pur, une grande étendue d'eau ou des beaux panoramas augmentent le prix des maisons ou des terrains.
Limites : Cette méthode enregistre uniquement le consentement des individus à payer en contrepartie des avantages perçus.
Si les individus ne sont pas conscients de la relation entre l'attribut environnemental et les avantages qu'ils en tirent, la valeur ne sera pas reflétée par le prix. Cette méthode exige de très nombreuses données.
> Méthode de la valorisation contingente
Elle s'applique au Tourisme et aux Valeurs de non-utilisation.
Cette méthode demande directement aux individus combien ils consentiraient à payer certains services environnementaux.
Elle est souvent la seule manière d'estimer les valeurs de non-utilisation.
Cette méthode est aussi appelée « Méthode de la préférence déclarée ».
Limites : Les techniques de sondage comportent de nombreux biais possibles.
Le fait de savoir si les gens paieraient réellement les montants déclarés dans les entretiens prête également à controverse.
Cette méthode est la plus discutée des méthodes de valorisation non fondées sur le marché.
Elle constitue l'un des seuls moyens d'attribuer des valeurs monétaires aux Valeurs de non-utilisation des écosystèmes qui n'impliquent pas des achats sur le marché.
> Méthode du choix contingent
Elle s'applique à Tous les biens et services des milieux naturels.
Cette méthode estime les valeurs en demandant aux individus d'arbitrer entre des ensembles de services environnementaux et des écosystèmes.
Cette méthode est excellente pour aider les décideurs à classer les options stratégiques.
Limites : Cette méthode n'exige pas directement un consentement à payer dans la mesure où la question est masquée dans des demandes d'arbitrage incluant la notion du coût.
> Méthode du transfert des produits
Elle s'applique aux Services d'écosystèmes en général et aux Utilisations récréatives en particulier.
Cette méthode évalue les valeurs économiques en transférant les estimations de produits issues d'études déjà réalisées sur un autre site ou dans un contexte donné.
Limites : Cette méthode est souvent utilisée quand il est trop coûteux d'effectuer une nouvelle évaluation économique complète pour un site donné.
Elle ne peut au mieux qu'être aussi précise que l'étude initiale.
L'extrapolation n'est possible que pour des sites qui possèdent les mêmes caractéristiques générales.
> Méthode de la productivité
Elle s'applique aux Biens et services propres : eau, sols, humidité de l'air...
Cette méthode estime la valeur économique des produits ou services qui contribuent à la production de biens commercialisés.
Limites : Si la méthodologie est simple et les besoins en données sont limités, elle ne fonctionne cependant que pour certains biens ou services.
L'utilisation de ces méthodes de quantification de la valeur des biens et services d'un site particulier peut être très compliquée et exige souvent beaucoup de temps et de ressources. Cependant, cette complexité fait aussi largement appel au bon sens.
Étudier la biodiversité
L'étude de la biodiversité peut porter sur :
• Le rythme d'extinction ou d'apparition des espèces
• L'influence des activités humaines sur la diversité spécifique
• La distribution des espèces en fonction de leur taxon
• La distribution géographique des espèces.
Facteurs accroissant la biodiversité
• Mutations
• Spéciation
• Isolement géographique
• Compétition
• Polyploïdisation
• Immigration
• Succession écologique
• Temps
• Stabilité environnementale
Facteurs diminuant la biodiversité
• Extinction
• Compétition féroce
• Perturbations
• Goulot d’étranglement génétique
Éléments complémentaires
La biodiversité :
• Augmente des pôles vers l’équateur
• Diminue lorsque l’altitude augmente
• Augmente avec la complexité structurale
• Augmente avec le temps d’évolution
• Plus élevée avec des dérangements modérés
• Plus faible sur les îles
♦ Équivalent étranger : Biodiversity.