♦ Écosystème résultant du défrichage des forêts en Europe.
Une lande se caractérise par une végétation peu élevée, de type buissonnant. Le mot « lande » est ancien ; les définitions traditionnelles des sociétés rurales se rapportent généralement au mode d’occupation du sol. La lande est perçue comme une terre inculte, souvent issue de la déforestation, où poussent des plantes sauvages, notamment des ajoncs, des bruyères, des genêts. Parfois ce terme est employé pour les terres à l’abandon, embroussaillées. Ces terres peu fertiles sont vouées au pâturage plutôt que mises en cultures.
Dans ses usages populaires, le terme « lande » désigne également l’espace géographique contenant ces terres incultes. C’est ainsi que, depuis la première édition du dictionnaire de l’Académie française, la définition de « lande » débute systématiquement par la notion d’étendue : « Grande étendue de terre où il ne vient que des bruyères, des genêts, etc. » ou « Étendue de terre inculte et stérile ». Cette vision se retrouve dans la toponymie. Ainsi, il est fréquent, dans l’ouest de la France, de rencontrer des communes et lieux-dits dont le nom comporte les mots lande, désert, lann, brug, béruère, etc.
Aujourd’hui, il est courant, dans un usage vernaculaire, que l’appellation « lande » soit employée pour désigner un paysage distinctif, composé d’une nature perçue comme sauvage, à la végétation basse aux lumières et aux couleurs jaune, violet, ocre, vert et beige changeant selon les saisons.
> Le mot « lande » peut aussi désigner un type de formation végétale. Il est considéré qu’une formation végétale est « tout groupement présentant une physionomie homogène et constante due à la dominance soit d’une ou plusieurs espèces sociales, soit d’espèces ayant un caractère biologique commun » (Grisebach, 1888 in Guinochet, 1973). La définition de la lande ne concerne ici que la part végétale du milieu en tant que groupement considéré comme homogène et défini par l’architecture des individus dominants. Ces formations végétales, définies par leur physionomie, peuvent être déclinées selon leur composition spécifique et leur écologie en associations végétales. La définition retenue s’appuie sur les notions de formation végétale et d’association végétale. En effet, se développant en concordance avec son milieu environnant, la végétation est un indicateur des conditions écologiques, dynamiques, géographiques et historiques. Elle permet également d’individualiser des unités à cartographier directement visibles sur le terrain. Enfin, en structurant l’espace, elle constitue l’un des éléments essentiels du paysage. Les landes présentent toutes la particularité d’être dominées par des espèces à feuilles coriaces, persistantes et dont l’épiderme est épaissi, adaptations généralement liées à la sécheresse. On parle alors d’espèces sclérophylles. Pour les landes, cette particularité est paradoxalement observable aussi bien sur sols secs qu’humides et en climat chaud que froid.
Se développant généralement de manière surfacique (en « taches »), les landes peuvent occuper de très vastes étendues. Cependant, il n’est pas rare d’observer des individus de lande de manière ponctuelle ou linéaire le long des franges forestières, des appointements rocheux ou des bords de route. Les landes sont presque toujours caractérisées dans le monde par la présence d’espèces de l’ordre des Éricales et en Europe par la présence plus particulière des Éricacées (Erica, Calluna, Rhododendron). D’autres groupes spécifiques peuvent être bien représentés dans les landes, notamment pour l’Europe : les Fabacées (Ulex, Cytisus, Adenocarpus, Genista), les Cistacées (Cistus) et les Salicacées (Salix).
Les landes sèches européennes correspondent à des landes fraîches à sèches développées sur sols siliceux sous climats atlantiques à subatlantiques depuis l’étage planitiaire jusqu’à l’étage montagnard. En sont exclues, les landes littorales à Bruyère vagabonde (Erica vagans) et les landes des dunes maritimes intégrées aux « Dunes fixées décalcifiées atlantiques » (Calluno-Ulicetea). Les landes sèches européennes correspondent à des végétations ligneuses basses (inférieures à 2 mètres) principalement constituées de chaméphytes et de nanophanérophytes de la famille des Éricacées et des Fabacées. Bruyères, Callune, Myrtilles, Airelles, Genêts, Ajoncs contribuent pour l’essentiel aux couleurs et aux structures de ces landes. Le feuillage est surtout sempervirent et sclérophylle. Les surfaces foliaires sont des plus réduites, en particulier chez les Éricacées et les Fabacées. Ce sont autant d’adaptations morphologiques et physiologiques aux conditions édaphiques sévères, en particulier en ce qui concerne les aspects trophiques (sols acides maigres) et hydriques (sécheresse au moins une partie de l’année).
> Aux marges de cette définition centrale, les limites structurales, dynamiques et spatiales sont diversement appréhendées et caractérisées. Ces difficultés proviennent pour l’essentiel du caractère généralement secondaire et instable des landes atlantiques et subatlantiques. Cette origine tient à deux groupes principaux de perturbations :
- Les perturbations agropastorales, qui après une période initiale de déboisement ont permis au cours de l’histoire des civilisations pastorales, la mise en place et le développement de landes « pastorales »
- Les perturbations sylvicoles ou agro-sylvicoles qui ont fortement contribué à installer de manière plus ou moins cyclique et plus ou moins prolongée des landes au sein des systèmes forestiers acidiphiles.
En fonction du contexte agropastoral ou préforestier prédominant, de la morphologie (hauteur, espèces dominantes), on a classiquement rattaché :
- Les landes planitiaires à montagnardes aux pelouses acidiphiles
- Les landes subalpines aux forêts subalpines.
Les arguments floristiques de ces rattachements tiennent à la présence plus ou moins importante :
- d'un contingent relictuel d’espèces des pelouses acidiphiles ;
- d’un contingent pionnier d’espèces préforestières, soit herbacées, soit arbustives.
Mis à part le cas des falaises littorales et de quelques situations intérieures particulières (corniches, vires rocheuses), les landes sont secondaires et d’origine habituellement anthropique. Par le passé, elles ont fait l’objet d’exploitations extensives variées (fauche, pâturage) et de quelques utilisations locales (litière, fourrage, balais). L’intensité et la fréquence de ces perturbations anthropiques ont des conséquences importantes à la fois sur la physionomie et la flore des landes.
Pour les landes sèches, les menaces sont de trois ordres :
- La fermeture naturelle du milieu par des plantes colonisatrices arbustives ou forestières (Genêt à balai, bouleau, pins, …) au détriment des petites bruyères
- L’homogénéisation de la végétation au profit d’une espèce
- La mise en valeur artificielle : boisement, travail du sol, apport de fertilisants.
Pour les landes humides, les menaces sont de quatre ordres :
- La fermeture naturelle du couvert par des plantes colonisatrices arbustives ou forestières (Bourdaine, saules, bouleaux, pins, …) au détriment des bruyères
- L’homogénéisation de la végétation au profit d’une espèce (brande, molinie, …)
- La mise en valeur artificielle : drainage, boisement, travail du sol, apport de fertilisants, création de plan d’eau, …
- La modification artificielle du régime hydrique et de la qualité des eaux.
♦ Équivalent étranger : Moor.