La RDC intronise son nouveau Président
> Félix Tshisekedi, à l'issue d'un scrutin controversé, devient le 5ème président en titre de la République Démocratique du Congo.
Succédant à Joseph Kabila qui était à la tête du pays depuis près de 18 ans, il vient dans son discours d'investiture du 24 janvier 2019, de tracer pour son prochain gouvernement les huit axes d'actions prioritaires :
- La pacification de tout le territoire national en accélérant la lutte contre l’éradication des groupes armés qui sévissent et sèment la désolation auprès de nos populations ;
- La lutte contre la pauvreté par des actions sociales et une politique novatrice de cohésion nationale ;
- La réhabilitation et la consolidation d’un état de droit à travers des institutions solides, de proximité et équitables au service de l’emploi, de la jeunesse, de l’éducation, de la santé et de tous nos enjeux économiques et sociaux ;
- Une lutte efficace et déterminée contre la corruption et les anti-valeurs notamment l’impunité, la mauvaise gouvernance, le tribalisme et autres ;
- La promotion de la presse et des médias pour en faire véritablement un quatrième pouvoir
- La valorisation de notre capital humain par la promotion des jeunes et des femmes ;
- Le développement des milieux ruraux par la construction des infrastructures sociales de base pour mieux maîtriser l’exode rural ;
- La simplification des procédures administratives dans les secteurs clé de la vie nationale pour favoriser le climat des affaires, le développement du tourisme, la libre circulation des biens et des personnes et l’accessibilité du citoyen à tous les services de l’Etat.
> Ainsi, s’engageant “à ériger un État moderne, pacifique, démocratique et soucieux de chaque citoyen, un État où chaque institution va jouer son rôle dans le cadre du principe de séparation des pouvoirs….“, les déclarations d'intentions de Félix Tshisekedi visent à apaiser les tensions sociales qui fissurent le pays. En fin politique, il n'en évoque les causes profondes qu'en filigrane.
Enjeux environnementaux
> Bien que la solution des problèmes socio-économiques du pays soit prioritaire, cela ne doit pas pour autant occulter les enjeux environnementaux qui ne semblent pas entrer en ligne de compte à cette heure.
> Avec une population actuellement estimée à près de 90 millions d’âmes dont plus de la moitié a moins de vingt ans, et une croissance démographique annuelle de 3,3% en 2017, le seuil des 100 millions d’habitants devrait être franchi en 2030. Il y a là un défi éducatif à relever pour faire entrer la RDC dans l'ère du développement durable.
Transparence
> Un mot semble également faire défaut dans cette déclaration d'intentions, celui de transparence. Disposant d'énormes surfaces de terre arable et, dans son sous-sol, de précieuses ressources très convoitées, la RDC est à la croisée des chemins de toutes les technologies les plus innovantes, ce que ne manque pas de souligner le nouveau président.
> Il y a déjà quelques années, Terry Lynn Karl dans son ouvrage The Paradox of Plenty soulevait le paradoxe suivant : l'exploitation des richesses du sous-sol est souvent associée à la misère des populations locales, à la mauvaise gouvernance et à la dégradation de l’environnement. La déroute économique actuelle du Venezuela vient malheureusement illustrer ce propos. Néanmoins, la clé de la réussite semble résider dans cet ingrédient essentiel : la transparence.
> Sous la présidence précédente, en adhérant à l'Extractive Industries Transparency Initiative (EITI), la RDC a accepté de se soumettre à une méthodologie d'évaluation qui doit lui permettre d'attendre la maturité nécessaire pour contrer définitivement cette malédiction.
Initialement conçue pour l'industrie pétrolière, cette méthodologie est transposable aux activités minières. Avec ses 1 000 milliards de dollars de fond souverains, la Norvège, pays particulièrement exigeant en matière de probité, peut être considéré comme le meilleur exemple de réussite de ce programme.
> Souhaitons pour le peuple congolais que les gouvernants à venir se mobilisent énergiquement pour mener à terme ce processus vertueux de transparence.