Recherche d’alcaloïdes dans les plantes consommées par Pan paniscus et celles utilisées pour le traitement des maladies gastro-intestinales par Homo sapiens à LuiKotale (Parc National de la Salonga en RD Congo)
Auteurs:Kitengie Matshimba, Gaby; Fruth, Barbara; Bondjengo Ikombe, Nono; Musibono, Dieudonné; Lubini, Constantin; Hohmann, Gottfried
Année de publication:2013
Date de publication:2013-12-30
Les plantes comme d’autres êtres vivants ont développé un certain nombre de mécanismes pour se protéger contre les prédateurs et les infections. Les métabolites secondaires sont considérés comme des moyens de défense des plantes contre les herbivores. Servant d’antidotes, dans certains cas, ils peuvent être ingérés pour l'automédication chez les animaux. Depuis 2002, nous avons étudié l'utilisation des plantes par les bonobos (Pan paniscus, Pp) et les humains (Homo sapiens, Hs) à LuiKotale, en République Démocratique du Congo. A partir de Mai 2007, nous avons étudié le rôle et la teneur en alcaloïdes dans les plantes qu’ils consomment. Pour ce faire, nous avons choisi 60 espèces de plantes utilisées soit 17 par Pp ,19 par Hs et 24 communes aux deux espèces. Ces plantes appartiennent à 29 familles et comprennent 60% d’arbres, 22% d’arbustes, 10% de lianes et 8% d’herbes. Pour contrôler la variabilité intra et extraspécifique de leur teneur en alcaloïdes, nous avons choisi six plantes par espèce dans des habitats parfois différents. Les écorces et les feuilles ont été récoltées pour une analyse semi-quantitative in situ. Pour s’assurer de la fiabilité des résultats, trois types de réactifs de test d’alcaloïdes ont été utilisés en parallèle : Dragendorff, Mayer et Wagner. L’abondance en alcaloïdes a été classée en quatre catégories : « absent », « faible », « moyen » et« abondant ». De l’analyse de 350 plantes échantillonnées (correspondant à 6300 tests) soit 97% sur 360 prévues initialement, la présence d’alcaloïdes a été avérée dans 48 espèces (de l’ordre de 80%) correspondant à 24 familles indépendamment de leur teneur et du nombre d’individus retenus pour l’analyse. Si pour quelques espèces, l’absence ou la teneur en alcaloïdes était quasi-constante, le plus grand nombre a présenté une remarquable diversité intra et interspécifique en teneur d’alcaloïdes avec une forte concentration dans les racines. Ces résultats apportent une nouvelle contribution dans la valorisation des forêts matures de la Cuvette Centrale du point de vue phytochimique par rapport aux forêts secondaires mieux étudiées. L’utilisation de ces plantes riches en alcaloïdes par Pan paniscus ouvre des nouvelles perspectives de recherche capables d’apporter des solutions efficaces à la survie de l’espèce ainsi que dans le traitement de certaines maladies humaines qui constituent jusqu’à ce jour un fléau en santé publique à travers le monde.