La conservation communautaire dans le territoire de Bolobo : forces et faiblesses
Auteurs:Bokika, Jean-Christophe
Année de publication:2013
Date de publication:2013-12-30
Le territoire de Bolobo, en République Démocratique du Congo (RDC), se situe entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï dans la province de Bandundu, District des Plateaux, à 300 kms au nord de Kinshasa. Bolobo offre une faune riche et variée, présentant notamment une des plus fortes densités de bonobos. A la suite de la campagne de sensibilisation y menée par Mbou-Mon-Tour (MMT) avec le soutien de ses partenaires, les populations locales ont accepté de consacrer une partie de leur forêt à la conservation des bonobos ; il s’agit notamment des villages Nkala, Mpelu, Nko, Embinima, Bodzuna, Makaa et Mbee-Nkuru situés dans le Territoire de Bolobo. Des familles de bonobos font l’objet, les unes, d’une habituation à la présence humaine et, les autres, d’un simple monitoring. D’autre part, à la suite de la diminution de l’intensité de la chasse dans la région, certaines espèces de petits singes (red colobus, mangabeys et angolensis) que l’on croyait éteintes depuis des décennies ont réapparu, notamment dans les forêts de Mbal-a-Kari et Lefiri. Ces petits primates font l’objet d’un monitoring par des équipes de MMT. Il est important de souligner que tous ces sites attirent chaque année de nombreux chercheurs et étudiants tant nationaux qu’étrangers ; de même, de grandes chaînes de télévision étrangères y ont déjà réalisé d’intéressants documentaires sur les bonobos et la culture locale. Dans le but de capitaliser tous ces atouts, MMT a sollicité des autorités compétentes et pour le compte des communautés locales la création des forêts communautaires. Afin de préserver efficacement la faune et la flore et permettre ainsi une régénération des ressources forestières, MMT travaille avec les populations locales à la création des forêts communautaires et tente de développer des alternatives économiques durables afin d’améliorer les conditions de vie des villageois. Un grand atout pour la réussite de ce projet est l’appropriation de cette initiative par les populations locales, lesquelles ont compris qu’un bonobo vivant rapporte plus qu’un bonobo mort. En outre, le fait que la coutume locale de ces populations ne soit pas favorable à la consommation de la viande de bonobo constitue un autre avantage. Par ailleurs, la proximité de cette zone avec Kinshasa et Brazzaville est de nature à favoriser le développement de l’écotourisme et de la recherche scientifique. Cependant, la forêt de la région est exposée à des menaces réelles dont la principale reste l’utilisation des zones agricoles sur l’habitat naturel des bonobos et l’activité liée à l’énergie. En effet, à la suite de graves perturbations de l’énergie électrique à Kinshasa et Brazzaville, les habitants recourent de plus en plus au charbon de bois. Il s’ensuit que la forêt de cette zone subit les conséquences de ce phénomène, en ce sens que le commerce de ce charbon y prend de l’ampleur inquiétante. D’autre part, le processus de création des forêts communautaires reste à ce jour bloqué, pour la simple raison que le Décret du Premier Ministre devant en déterminer les modalités pratiques n’est pas encore signé.