1987-2017 : Regard sur l’évolution de l’histoire des origines
Auteurs:Senut, Brigitte
Année de publication:2017
Date de publication:2017-10-16
Les trente dernières années, les études sur les origines de l’homme ont connu une véritable révolution grâce au développement des missions de terrain, mais aussi à celui des méthodes de datation qui permettent de meilleures calibrations des dépôts et donc de mieux suivre les changements évolutifs dans le temps. On a ainsi doublé la date de l’origine potentielle de notre lignée. Les hominidés fossiles ont généralement été comparés exclusivement aux grands singes africains et aux hommes modernes ; les caractères des premiers étant généralement considérés comme primitifs. Le développement des études sur les hominoïdes fossiles ont permis de mieux préciser l’état des caractères : si le chimpanzé semblait (encore récemment) être un « bon modèle » de l’ancêtre commun aux grands singes et aux hommes, cette idée est largement controversée aujourd’hui. Les avancées de la génétique ont permis d’affiner les relations entre les primates et les dates de divergence entre l’homme et les grands singes. Aujourd’hui, on observe un rapprochement entre les données de la génétique et celles de la paléontologie. Le principe de l’uniformitarisme largement utilisé en paléontologie prend toute sa dimension dans les études de l’évolution humaine : le développement des travaux de terrain, mais aussi de laboratoire, sur les primates non-humains modernes s’avèrent essentiels pour établir des modèles comparatifs permettant de mieux appréhender les comportements culturels et locomoteurs du passé, les caractères de vie, mais aussi les milieux de vie. Les reconstitutions des environnements toujours largement basées sur les paléobiota, sont aujourd’hui complétées par les approches géochimiques sur l’émail des dents mammaliennes (précision des régimes alimentaires), mais aussi sur les sédiments (mise en évidence de phases d’aridité, par exemple). L’approche holistique et naturaliste à longue échelle de temps s’avère essentielle pour comprendre l’émergence des hommes, mais aussi celle des grands singes dans un contexte environnemental (et donc climatique).