RDC - Des milices armées rendent leurs armes
> « Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) félicitent tous les groupes armés qui ont accepté de déposer les armes pour permettre à la population de vivre sereinement dans la paix et la sécurité », écrit le général Léon-Richard Kasonga, leur porte parole, ce 13 février 2019. C’est le cas notamment au Kasaï (la région d’origine de la famille de Félix Tshisekedi), où plus de 600 miliciens se sont rendus, mais également en Ituri (nord-est), Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema (est).
> Cette première contribution à l'établissement de la paix en République Démocratique du Congo est une bonne nouvelle pour tous ses citoyens. Souhaitons que ce premier pas se traduise dans les faits par la fin progressive des maltraitances et des exactions qui touchent des centaines de milliers de personnes et sonne le glas de tous les trafics illicites qui minent l'économie du pays, notamment dans l'est du pays.
> Rappelons à ceux qui l'ignorent, qu’au-delà des exactions commises depuis des décennies, ces groupes armés se livrent également à toutes sortes d'activités délétères pour l'environnement :
- surexploitation de la forêt pour alimenter le trafic de charbon de bois ;
- braconnage sans discrimination destiné au trafic d'animaux ou pour procurer de la viande de brousse ;
- exploitations minières illégales de coltan, de cassitérite ou d’or…
> La RDC recèle une des plus riches biodiversités de la planète : 11 000 espèces de plantes, 400 espèces de mammifères, 1 000 espèces d’oiseaux et de poissons répertoriées. La faune renferme des espèces uniques comme le Gorille des montagnes, le Rhinocéros blanc du Nord (disparu à l’état sauvage) et l’Okapi. Sur les huit parcs nationaux existant en RD Congo et classés au patrimoine mondial de l’Unesco, cinq occupent une position stratégique le long de la frontière orientale de la RDC, et sont régulièrement utilisés comme points de passage par les forces armées et les trafics divers : le Parc national des Virunga (1994), le Parc national de la Garamba (1996), le Parc national de Kahuzi-Biega (1997), la Réserve de faune d’Okapi (1997) et en moindre mesure le Parc national de la Salonga (1999).
> Dans ces parcs nationaux, l’éradication des milices armés est une priorité pour la survie d’espèces menacées d'extinction. Cela reste vrai pour le Gorille des montagnes du Parc des Virunga même si, grâce aux mesures conséquentes de conservation déjà engagées (patrouilles anti-braconnage et l’élimination des pièges, interventions vétérinaires in-situ) leur nombre estimé en 2008 à environ 680 individus, a passé le cap des 1 000 en 2018. Sans solution politique, ils pourraient malgré tout connaître le sort du Rhinocéros blanc du Nord et être les nouveaux “Panda” de l'Afrique.
> Après plus de 20 ans d'errements et des millions de morts, s’entendre sur leur préservation serait porteur d’une grande bouffée d’espoir pour cette région du monde qui peut légitimement aspirer à une paix durable. Ce pourrait être un premier jalon vers le développement d’activités économiques vertueuses et durables pour l’ensemble des pays concernés où les immenses richesses naturelles ne serviraient plus à acheter toujours plus d'armes mais à contribuer à la prospérité des hommes, des femmes qui la peuplent ainsi qu'au bonheur de leurs enfants.
Crédits : Illustration Cleon Peterson 2014 - Master of War (Gold)