Le Congo en bandes dessinées
> Dénommées « Comics » aux États Unis, « Mangas » au Japon ou Bandes dessinées (BD) dans les pays francophones, ces histoires contées sous forme d’images où les personnages parlent dans des bulles continuent d’enthousiasmer jeunes et moins jeunes malgré la vive concurrence de la télévision et des jeux vidéo. C’est en Belgique que se situe l’épicentre européen de ce mouvement dont le chef de file fut Georges REMI alias HERGÉ, père de Tintin et inventeur de la ligne claire.
> Aujourd’hui, élevé au rang de 9ème art, explorant toutes sortes d'univers plus ou moins fictifs, la BD a définitivement capté l’intérêt d’un large public adulte. La publication de romans graphiques très documentés touchant les domaines de l’histoire, de l’économie ou de la politique n’est pas en reste. Ces sujets donnent également lieu à des séries haletantes dont chaque épisode est attendu par un public « accro » .
> Pour les Européens du début du XIXème siècle, le Congo est un endroit mystérieux, une vaste portion non cartographiée de l’Afrique où les puissances coloniales ne se sont pas encore aventurées. C’est en terre de cocagne pour tous les aventuriers en quête fortune et de sensations. Livré à la libre entreprise après le Traité de Berlin conclu en 1885, le bassin du Congo devient le théâtre ininterrompu d’un pillage systématique des richesses locales : ivoire, puis caoutchouc, or et diamants. La « Guerre du Coltan » qui ravage depuis des années l’est du pays en est la forme contemporaine.
> L’histoire de cette région bouillonnante qui a pris successivement le nom d’État Indépendant du Congo (1885-1908), de Congo belge (1908-1960), de Zaïre (1965-1997) et enfin de République Démocratique du Congo (1997 à nos jours), a inspiré romanciers et scénaristes de BD, belges parfois mais pas toujours. En 1931, situant dans ce pays la seconde aventure du jeune reporter Tintin son nouveau héros, Hergé fait parti des pionniers dans le domaine. À ce titre « Tintin au Congo » fait l’objet du premier chapitre de notre série « Le Congo en Bandes dessinées ».
> Inversement, l’art de la BD a suscité des vocations dans cette ancienne colonie belge où les plus brillants montaient en métropole finir leurs études. Apparue dans les journaux du pays en 1921, elle n'a jamais cessé de se développer. Fin des années 70, Mongo Sisé devient le premier dessinateur africain à effectuer un stage au studio Hergé. Initiée par cet auteur, la saga de la BD congolaise ponctuée d'événements cocasses ou tragiques, est riche de nombreux talents.
Ainsi, la République Démocratique du Congo est devenue l’écrin de la BD sur le continent africain. C’est l’objet du second chapitre du « Congo en BD » (à venir).
Peut-être vous demandez vous ce que vient faire cette apologie du 9ème art sur un site dédié aux Bonobos ?
> Pour raconter leur Histoire, les hommes ont toujours eu recours au dessin, la tradition orale n’y suffisant pas. Les peintures rupestres de la préhistoires, les fresques et mosaïques de l’antiquité, celles qui couvraient les murs des églises et des cathédrales moyenâgeuses illustrant les scènes de la Bible pour des populations illettrées, toutes ces œuvres viennent conforter le fait suivant : le dessin est la plus ancienne méthode utilisée par l’homme pour décrire son environnement quotidien et transmettre à la postérité son « savoir », qu’il soit d’ordre historique, magique ou divin, artisanal ou scientifique.
> La tapisserie de Bayeux (drap d’environ 65 mètres brodé de scènes) relate l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le conquérant entre 1064 et 1066. Détaillant toute la chronologie, depuis l’annonce de la mort d’Edouard le confesseur, roi d’Angleterre, jusqu’à la défaite des anglo-saxons à la bataille d’Hastings, cette tapisserie peut être considérée comme l’une des premières BD.
> Comme dans la littérature, la BD et plus précisément le roman graphique ancre des personnages plus ou moins fictifs dans un contexte historique déterminé, minutieusement reconstitué de nos jours par les scénaristes et dessinateurs, à partir d'un travail sur archives. Ce vecteur est souvent utilisé par les auteurs pour faire passer des messages, provoquer des prises de conscience ou simplement instruire le lecteur tout en le divertissant.
> Ne serait-il pas dommage de négliger ce mode d’expression, de s’en priver pour venir en aide à nos chers Bonobos ? Tout reste à faire dans ce domaine… Amis scénaristes, amis dessinateurs, à vos plumes et vos crayons ! N’attendez pas qu'il soit trop tard pour écrire LA Saga de l'Afrique, et celle du Congo en particulier.