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« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage "Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature" constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

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Terme Définition
Distance de fuite

♦ Acronyme : DF.
♦ La distance de fuite est un bon indicateur du niveau de quiétude des animaux face à l'Humain et de l'incidence des dérangements mais également du braconnage. Un suivi régulier des changements dans la DF moyenne de quelques espèces clés permet d'évaluer l'efficacité du système de surveillance.
La fuite entre dans la catégorie des comportements anti-prédateurs et, pour une espèce, elle est influencée par :

> Les différents types d'activités humaines ne produisent pas les mêmes effets avec la même ampleur. La réaction finale (l'envol dans le cas des oiseaux, la course chez les ongulés) varie en fonction de la source de dérangement et de la sensibilité de l'espèce concernée. De même, les sources de dérangements prévisibles (passage régulier d'un véhicule sur une zone déterminée à des horaires peu variables) conduisent à une certaine habitude et à une diminution des distances d'envol voire à aucun envol chez les oiseaux, ou à un éloignement sans panique chez les mammifères. Des dérangements imprévisibles (par exemple, la pratique du hors piste sur le site) provoquent la fuite des animaux ou les incitent à devenir agressifs vis-à-vis de l'intrus.

> L’emploi d’un matériel adapté (télémètre laser) est la seule possibilité de connaître les distances réelles que les animaux acceptent avant de fuir à l’approche d’un Humain. La manipulation consiste à approcher des individus d’une espèce donnée, à pied ou en véhicule et à mesurer la distance séparant l’animal de l’observateur au moment où ce premier change de comportement.
Lorsqu’un télémètre laser n’est pas disponible, il est nécessaire de s’entraîner à évaluer des distances entre un objet placé à une distance connue du seul organisateur du test et lui-même. Certaines personnes ont une marge d’erreur extrêmement faible et peuvent conduire les expériences de terrain avec toutes les chances de succès. Mais s’il n’est pas obtenu de résultats proches de la réalité, il est nécessaire de différer la réalisation d’une telle étude.

> Lorsqu'il s'agit de l'étude de la distance de fuite de grands mammifères de savane, il peut être procédé de la manière suivante :

  • Une voiture (toujours de la même couleur) doit rouler le long des pistes de chaque zone à la vitesse constante de 30 km/h.
  • Au contact d'une espèce souhaitée dans l'analyse, la voiture s'arrête. Les animaux observés ne doivent pas être en déplacement.
  • La voiture prend une allure de 10 km/h au maximum pour se diriger tout droit vers le centre du groupe ou vers l'individu jusqu'à ce que le ou les premiers individus fassent un mouvement rapide de fuite.
  • La voiture est arrêtée immédiatement et la distance entre la voiture et le point centre de fuite est estimée.
  • Ensuite, la distance à laquelle les animaux arrêtent leur mouvement de fuite est également estimée.

> Pour chaque espèce, la manipulation doit se produire au minimum dix fois afin de disposer d'un échantillon sur lequel des tests statistiques peuvent être effectués. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans l'interprétation des résultats (espèce, parfois âge, nombre d'individus dans le groupe, milieu fréquenté, période de l'année, période de la journée, mode d'approche, distance de début d'approche, degré d'accoutumance à la présence humaine) aussi faut-il toujours tester toutes les hypothèses avant d'en tirer des conclusions. Cette méthode peut permettre de prendre des mesures d'interdiction d'une approche à moins d'une distance minimale.
Considérant que chaque espèce a une DF spécifique, il est nécessaire de sélectionner des espèces représentatives du site, et de procéder à un suivi à intervalles réguliers, par exemple, tous les six mois ou une fois par an. La connaissance de la distance de fuite peut être un élément important dans la prise de mesures relatives au comportement des humains dans une aire protégée. Elle nécessite cependant d'être sérieusement encadrée car le gestionnaire d'un site est normalement le garant de l'absence de dérangement de la faune. Dans le cas présent, son expérimentation doit faire l'objet d'un protocole strict visant à réduire autant que possible d'éventuels effets sur les animaux qui seront dérangés.

> Les études menées sur les limicoles montrent, par ailleurs, la complexité des réactions des oiseaux. La distance de fuite peut en effet être liée positivement à leur poids, à leur statut d'espèce protégée ou non (avec cependant des exceptions), à la distance à partir de laquelle l'expérimentation commence son approche. Plus important également, une distance de fuite très courte peut ne pas être synonyme d'une acceptation de l'humain, mais peut traduire le fait que les oiseaux ne savent pas où aller en cas d'envol. De plus, au cours de l'hiver, la distance de fuite peut diminuer, non pas en raison d'une accoutumance des oiseaux, mais de la nécessité de réduire les dépenses énergétiques.
La connaissance de la distance de fuite est donc importante mais sa complexité doit inciter à la plus grande prudence dans la réalisation de l'expérimentation et dans l'interprétation des résultats.

Équivalent étranger : Escape distance, ED.

Distance individuelle

♦ Distance à laquelle un individu provoque l’agression ou l’évitement chez un autre individu de la même espèce. Cette distance permet l’établissement d’un territoire mobile dans lequel les congénères ne sont pas autorisés, étant avertis par des postures agressives. Cette distance est là règle à moins qu’elle soit rompue par une parade et des comportements d’agressivité entre les individus.
♦ Équivalent étranger : Individual distance.

Distance moyenne de dispersion

♦ Distance moyenne de propagation d'une propagule à partir de la population source.
♦ Équivalent étranger : Mean distance of spreading.

Distribution

Ensemble de l’aire géographique dans laquelle une espèce peut être trouvée. Au sein de cette aire, la dispersion peut être considérée comme la variation dans la densité locale. Il est parfois fait la distinction entre la distribution d’origine et la distribution engendrée par le déplacement, de manière volontaire ou non, lié à l’Humain.
Pour les espèces migratrices, la distribution contient l’aire de nidification, les voies de migration et l’aire d’hivernage (composée de quartiers d’hivernage, vastes ensembles géographiquement limités).
Synonyme : Répartition.
Équivalent étranger : Range.

Distribution aléatoire

♦ Distribution dans laquelle la position ou la valeur d'une observation est indépendante de la position ou de la valeur des autres observations.
♦ Équivalent étranger : Random distribution.

Distribution des fréquences

♦ Spécification de la manière avec laquelle les fréquences des membres d'une population sont distribuées en fonction des valeurs de leurs variables.
♦ Équivalent étranger : Frequency distribution.

Distribution en agrégation

♦ La distribution en agrégats encore appelée distribution contagieuse est celle où les individus sont présents en quelques endroits pendant que le reste du milieu est peu ou pas fréquenté.
♦ Équivalent étranger : Distribution in aggregates.

Distribution géographique

♦ Étendue géographique d'une population ou de toute autre entité écologique.
La distribution géographique des organismes sur la planète suit des éléments qui sont les mieux expliqués par l’évolution en conjonction avec la tectonique des plaques à une échelle géologique. De grands groupes d’espèces ont évolué en raison de la fragmentation de la Pangéz, ce super-continent, il y a environ 200 millions d’années, et se sont distribués sur l’ensemble des nouveaux continents. Les groupes qui ont évolué depuis la fragmentation apparaissent uniquement dans des régions de la planète, tels que la flore et la faune des continents de l’hémisphère nord qui forment le supercontinent Leurasie et des continents du sud qui forment le supercontinent Laurasie.
♦ Équivalent étranger : Geographical distribution.

Distribution régulière, uniforme

♦ La distribution uniforme est celle où on observe une relative équidistance entre les emplacements des individus ; autrement dit, un même nombre d’individus dans chaque quadrat de surface. Une telle distribution implique une homogénéité du milieu quant aux ressources nécessaires pour la population et une forte compétition intraspécifique.
♦ Équivalent étranger : Regular distribution.

District hydrographique

♦ Zone terrestre et maritime, composée d’un ou plusieurs bassins hydrographiques, ainsi que des eaux souterraines et eaux côtières associées, identifiées selon la directive cadre sur l’eau comme principale unité pour la gestion des bassins hydrographiques.
♦ Équivalent étranger : River basin district.

Diurne

♦ Se dit d'une espèce active le jour.
♦ Équivalent étranger : Diurnal.

Diversion

♦ Comportement qu'adoptent les adultes de certaines espèces en simulant un comportement d'oiseau blessé pour éloigner un prédateur d'un nid ou des jeunes.
♦ Équivalent étranger : Diversion.

Diversité alpha

Biodiversité au sein d'une aire particulière, d'une communauté ou d'un écosystème, généralement exprimée en richesse spécifique du site. Elle peut être mesurée en comptant le nombre de taxons au sein de l'écosystème. La diversité alpha augmente avec la taille de l’habitat et sa complexité.

Stotal = Sobs + (n - 1/n) x k

    où             •  n  =  nombre d’échantillons
                      •  K  =  nombre d’espèces présentes dans une unité d’échantillons

♦ Équivalent étranger : Alpha diversity.

Diversité bêta

♦ Représente la connexion entre les échelles locales et régionales de diversité spécifique. Elle est le taux de changement dans la composition d’espèces au travers d’habitats et parmi les communautés. La diversité beta augmente avec l’hétérogénéité des habitats.

> Une forte diversité bêta (ou hétérogénéité de l'habitat) semble améliorer la résilience de l'écosystème dans son état souhaitable lorsqu'il est confronté aux changements. Différents types d'habitats marins englobent des communautés d'espèces distinctes. Par conséquent, les aires marines protégées qui comprennent divers habitats seront plus susceptibles d'inclure davantage d'espèces et, par conséquent, de présenter une plus grande diversité bêta et d'espèces.

> Une grande diversité bêta est le signe d'une grande hétérogénéité spatiale dans la répartition des espèces, soulignant la présence de populations fragmentées et, possiblement, d'une faible connectivité des communautés d'espèces locales dans le bassin d'espèces régionales. La diversité bêta est déterminée à l'aide d'un éventail complexe de processus en lien avec l'interaction entre les attributs des espèces et les caractéristiques du paysage physique au fil du temps. La variation géographique de la diversité bêta est le reflet des différences passées et actuelles dans l'environnement, des interactions écologiques et de l'histoire biogéographique, y compris les obstacles à la dispersion. Étant donné que la diversité bêta quantifie le renouvellement des espèces dans l'espace, elle a des applications importantes dans la détermination de l'échelle de la diversité, la délimitation des régions biotiques et la planification de la conservation. La diversité bêta est positivement liée à l'hétérogénéité du substrat et à la profondeur et l'hétérogénéité de l'habitat est l'une des propriétés de l'habitat les plus souvent considérées comme essentielles pour conserver le fonctionnement de l'écosystème marin. L'hétérogénéité de l'habitat est engendrée et maintenue par des facteurs géologiques, biogéniques et perturbateurs interreliés à diverses échelles, allant de quelques millimètres à plusieurs kilomètres. À l'inverse, une faible biodiversité bêta est le signe de modèles plus homogènes de répartition des espèces et peut être le reflet d'une connectivité élevée ainsi que de substrats plus uniformes.
Elle traduit la diversité inter-formations (richesse en espèces communes entre plusieurs formations végétales). Pour quantifier l’hétérogénéité (dissimilitude entre deux stations ou deux régions, elle s’exprime de telle sorte que :

H’β = H’ - (ΣH’α) / n

♦ Équivalent étranger : Beta diversity.

Diversité biologique

Variété des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie. Cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. Elle correspond au nombre absolu d'espèces (richesse spécifique) ou à une mesure qui incorpore à la fois le nombre d'espèces et leur abondance relative.

L'article 2 de la Convention sur la diversité biologique (CDB) définit la diversité biologique de la façon suivante :
« La variabilité parmi les organismes vivants de toutes les origines et comprenant, entre autres, les écosystèmes terrestres et marins, ainsi que les autres écosystèmes aquatiques, et les complexes écologiques desquels ils font partie ; cela inclut la diversité parmi et entre les espèces, ainsi que celle des écosystèmes ».

> La diversité biologique a trois composants :
  1. La composition >> Ce qu'il y a et son abondance
  2. La structure >> Comment les unités sont organisées ou agencées dans le temps et l'espace
  3. La fonction >> Rôles joués par les unités dans le maintien des processus et des dynamiques.

Chacun de ces trois composants est représenté à quatre niveaux différents :

  1.  Les gènes
  2. Les espèces, les populations
  3. Les communautés, les habitats, les écosystèmes
  4. Les paysages.

 La diversité biologique soutient l'existence humaine de quatre façons distinctes en :
  - Fournissant des services écologiques
  - Assurant un approvisionnement durable en ressources naturelles
  - Apportant des valeurs culturelles et spirituelles
  - Apportant des valeurs techniques et scientifiques.

Les changements climatiques influent directement sur les fonctions des organismes individuels (croissance et comportement, etc.), modifient les populations (effectifs et structure par âges, etc.), et influent sur la structure et la fonction des écosystèmes (décomposition, cycle des substances nutritives, débits d’eau, composition et interactions des espèces, etc.) et sur la répartition des écosystèmes dans les paysages; et indirectement, par le biais, par exemple, des modifications des régimes de perturbations.

Différents niveaux d’organisation et composants définissant les multiples facettes de la biodiversitéDifférents niveaux d’organisation et composants définissant les multiples facettes de la biodiversité

♦ Équivalent étranger : Biologic diversity.