Écologie

« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage "Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature" constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

Écologie

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Glossaires

Terme Définition
Gestion des visiteurs

♦ Processus de suivi de l’utilisation des visiteurs dans une aire protégée.
♦ Équivalent étranger :

Gestion du trait de côte

♦ Consiste, au regard du changement climatique qui va provoquer une élévation du niveau moyen des mers, à envisager plusieurs stratégies de gestion :

  • Le laisser faire : laisser évoluer naturellement là où les enjeux ne justifient pas une action. Il s'agit donc d'essayer de vivre avec les fluctuations de la mer plutôt que d'essayer de les contenir
  • L’intervention limitée (adaptation: de façon limitée en accompagnant les processus naturels
  • La fixation, le maintien du trait de côte : maintenir le trait de côte par des méthodes douces telles que des opérations de rechargement de plages, de stabilisation des falaises, quand des enjeux touristiques ou immobiliers entrent en considération
  • Le recul stratégique : organiser le repli des constructions existantes derrière une nouvelle ligne de défense naturelle ou aménagée. Cela peut se traduire par un déplacement des structures et des activités et une restauration du système littoral.

> Les termes relocalisation des biens et personnes ou recomposition spatiale du territoire menacé sont de plus en plus utilisés en remplacement de cette expression. Ce procédé permet de promouvoir la restauration d’habitats intertidaux dont le rôle est important dans le
tamponnage des évènements climatiques et de diminuer les coûts d’entretien inutiles sur le long terme. Certains termes peuvent être employés alternativement, ils regroupent notamment « managed retreat », « dike realignment » (réalignement de digues), « dike (re)opening » (réouverture de digues), « de-embankment » (désendiguement) et « depolderisation » (dépoldérisation).

♦ Équivalent étranger : Shoreline management.

Gestion durable

♦ Concept définissant, depuis la Conférence de Rio (1992), une gestion susceptible de fournir à la population actuelle les biens et services qu'elle attend de la forêt, sans remettre en cause la possibilité, pour les générations futures, de faire de même.  Cette notion a été précisée ensuite, par grands groupes de pays.

> En Europe, les gouvernements ont défini la gestion durable comme une gestion respectant les six critères d'Helsinki (du nom de la conférence où ces critères ont été adoptés) :

♦ Équivalent étranger :  Sustainable management.

Gestion durable des terres

♦ Procédure fondée sur les connaissances et qui aide à intégrer la la terre, l’eau et la biodiversité et la gestion environnementale, incluant les externalités entrantes et sortantes pour atteindre les demandes croissantes en nourriture et en fibres tout en maintenant les services écosystémiques et les moyens de subsistance.
♦ Équivalent étranger : Sustainable land management.

Gestion écologiquement rationnelle

♦ Processus destiné à garantir que tous les déchets sont gérés d'une façon qui protège la santé humaine et l'environnement contre les effets contraires qui pourraient résulter de ces déchets.
♦ Équivalent étranger : Rationaly ecological management.

Gestion écosystémique

♦ Processus qui vise à conserver les services écologiques principaux et à restaurer les ressources naturelles afin de remplir les besoins socio-économiques, politiques et culturels des générations actuelles et futures. L'objectif principal de la gestion écosystémique est le maintien efficient et l'utilisation éthique des ressources naturelles. La gestion écosystémique reconnaît que l'interrelation entre les systèmes socio-culturel, économique et écologique est primordiale pour appréhender les circonstances qui affectent les buts et les résultats environnementaux. Son approche évolutive nécessite des ajustements réguliers dans les institutions et les politiques et dans les normes nécessaires à l'exploitation commerciale de la gestion des ressources naturelles.
♦ Équivalent étranger : Ecosystemic management.

Gestion fondée sur des droits

♦ Régime de gestion des pêches dans lequel l’accès à la pêche est contrôlé par des droits d’utilisation qui peuvent comporter non seulement le droit de pêcher, mais aussi des spécifications quant aux aspects suivants :

  • comment la pêche peut être exercée (par exemple type de bateau et d’engin) ;
  • où et quand elle peut l’être et quelle est la quantité de prises autorisées ?

♦ Équivalent étranger : Rights-based management.

Gestion fondée sur les écosystèmes

♦ Processus qui intègre les facteurs biologiques, sociaux et économiques dans une stratégie complète visant à protéger et à améliorer la durabilité, la diversité et la productivité des ressources naturelles.
La gestion fondée sur les écosystèmes vise à la protection de la structure des écosystèmes et au bon fonctionnement des processus essentiels. Elle se concentre sur les activités qui affectent un écosystème particulier, prend en compte de manière explicite l'interdépendance entre les systèmes, comme, par exemple, entre l'air, la terre et la mer et intègre les perspectives écologiques, économiques et institutionnelles en reconnaissant leurs fortes interdépendances.
♦ Équivalent étranger : Ecosystem-based management.

Gestion forestière durable

♦ Processus qui vise à garantir que les biens et services dérivés des forêts remplissent les besoins actuels tout en préservant leur biodiversité, leur productivité, en sécurisant leur viabilité et en contribuant au développement à long terme. La gestion forestière englobe les aspects administratifs, légaux, techniques, économiques, sociaux et environnementaux de la conservation et de l'utilisation des forêts. Elle implique différents degrés d'interventions humaines, allant des actions visant à sauvegarder et à maintenir l'écosystème forestier et ses fonctions jusqu'à favoriser des espèces ou groupes d'espèces intéressants sur les plans sociaux et économiques pour améliorer la production de biens et de services.

>  Le contenu et la structure de la gestion forestière durable diffèrent entre les régions et les pays. Les mesures de gestion doivent se définir autour de sept thèmes centraux :

  • Étendue des ressources forestières, diversité biologique
  • Santé et vitalité de la forêt • Fonctions de protection liées à la forêt 
  • Fonctions de production de la forêt
  • Fonctions socio-économiques
  • Politique légale
  • Cadre institutionnel.

Mise en oeuvre de tout ce qui est défini par l’aménagement.

> Les paramètres écologiques susceptibles d’influencer la biodiversité, sont déterminés par le choix de gestionnaires forestiers dans leurs démarches d’aménagement. Ces paramètres sont les suivants :

Ces choix ont des conséquences sur le maintien ou la suppression des stades successionnels de début et de fin de succession sylvogénétique. Ils conditionnent la présence d’éléments typiques de ces stades, qui structurent les communautés végétales ou animales en offrant des habitats spécifiques :

  • en fin de succession, ce sont le bois mort ou le bois de décomposition, les cavités dans le bois, les chablis.
  • en début de succession, ce sont les peuplements à essence pionnière. 

La diminution de ces habitats, ou leur fragmentation spatiotemporelle, peut mettre en danger les espèces qui leurs sont inféodées.

> Les modèles de sylviculture sont appliqués par essence dominante et par type de stations. Ils ont des conséquences sur le régime des coupes, dont l’action s’apparente à celle des perturbations au sens écologique du terme. On note que les modalités d’exploitation comme les perturbations du sol et les traitements des rémanents influent aussi à court terme les communautés végétales et animales.

  • Le choix des essences dominantes a des conséquences sur la composition des essences forestières. 
  • Le mode des traitements et le régime des coupes ont des conséquences sur la structure des peuplements forestiers et le mode de régénération, sur la diversité génétique des essences forestières.
  • Les travaux associés à la phase de régénération ont des conséquences sur la biodiversité en lien avec les travaux de préparation du sol comme la fertilisation, l’amendement et l’utilisation d’herbicides 
  • Les actions de la gestion conservatoire sur des habitats particuliers comme talus, pelouses, zones humides, peuplements remarquables : ces choix ont des conséquences sur la diversité génétique des essences forestières en fonction de la taille des peuplements classés mis en réserve
  • L’infrastructure : le schéma de desserte fait partie des facteurs spatiaux jouant un rôle sur la répartition des espèces à travers des processus de fragmentation d’habitat ou au contraire, de corridors. 
  • L’activité cynégétique : le prélèvement d’individus a des conséquences directes sur les facteurs démographiques de la population chassée, et aussi sur d’autres populations animales, à cause du dérangement induit par la fréquentation humaine : échecs de reproduction, distance de fuite, changement dans l’utilisation de territoire. 
  • La fréquentation par public : la nature de la fréquentation et son organisation spatiale peuvent avoir des effets sur la faune et la flore. • La nature et la répartition des boisements et/ou défrichements : les défrichements conduisent à des pertes et des fragmentations d’habitats forestiers d’intérieur, tout en augmentant les lisières entre zones boisées et non boisées.
  • La nature et la répartition des haies, bosquets, ripisylves qui jouent un rôle de corridors boisés.

♦ Équivalent étranger : Wise use forest management.

Gestion forestière participative

♦ Processus qui vise à assurer une utilisation durable des forêts pour satisfaire équitablement les besoins locaux tout en assurant la soutenabilité environnementale. Ce terme est utilisé comme terme ombrelle, couvrant la gestion forestière, la gestion forestière conjointe, la gestion forestière collaborative et la foresterie communautaire.

> La participation des humains est de type privé, ou de type communautaire, passive ou active.

  • La participation privée peut prendre la forme de différentes activités, comme la foresterie agricole, l’agroforesterie, la culture de jeunes plans, des entreprises fondées sur l’exploitation du bois. La foresterie agricole promeut le développement d’arbres valorisés commercialement par les agriculteurs sur leurs terres en tant que culture unique, ou associée à d’autres cultures. Les petites entreprises traitant des produits forestiers ne requièrent pas un droit de propriété sur les forêts.
  • Dans la participation passive, les populations tirent quelques avantages de la forêt ou peuvent être impliquées dans une certaine limite dans différentes activités, sans avoir à partager les processus de gestion et de prise de décision.
  • La gestion conjointe des forêts est une approche développée dans les années 1980 et fondée sur l’hypothèse que la conservation des forêts naturelles et mieux assurée par un pouvoir légal officiel couplé avec l’implication active des populations locales. L’usufruit de la forêt est partagé entre la structure chargée de la conservation et la communauté locale. Le droit de propriété officiel, de même que la responsabilité totale pour formuler et exécuter le plan de gestion restent des prérogatives de l’organisation gestionnaire.

> Les éléments essentiels d’une participation active de la communauté sont l’initiative et l’implication dans les prises de décisions. L’implication inclut la planification et l’établissement de but, la mobilisation de ressources, la prise de décisions, puis leur mise en oeuvre, la gestion et l’administration, le suivi et l’évaluation, comme la distribution des terres, du travail et des autres ressources de la communauté. Les terres peuvent être sous propriété collective ou individuelle, sous le contrôle de la communauté ou de privés, avec une gestion coopérative. Le pouvoir central joue un rôle limité et la plupart des bénéfices vont à la communauté.

♦ Équivalent étranger : Collaborative (or joint) forest management.

Gestion intégrée

♦ Processus de gestion itératif et concerté dont le but est d'engager une réflexion et des actions communes en faveur du développement durable d'un territoire.
♦ Équivalent étranger : Integrated management.

Gestion intégrée des bassins versants

♦ Intégration de la planification et de la gestion avec des préoccupations environnementales, sociales et de développement économique, dans l'objectif explicite d'améliorer le bien-être humain à l'échelle d'un bassin versant.
♦ Équivalent étranger : Integrated river basin management.

Gestion intégrée des paysages

♦ Collaboration à longt terme des différents groupes de gestionnaires de l’environnement et de parties prenantes pour mettre en oeuvre les objectifs multiples requis du paysage, incluant la production agricole, la fourniture de services écosystémiques, de protection de la biodiversité et du bien-être et de la santé des populations locales.
♦ Équivalent étranger : Integrated landscape management, ILM.

Gestion intégrée des ravageurs

♦ Approche efficace et respectueuse de l'environnement de gestion des ravageurs qui repose sur une combinaison de pratiques de bon sens. Les programmes de gestion intégrée des ravageurs utilisent des informations actualisées et les plus complètes possibles sur le cycle de vie et les interactions des ravageurs avec leur environnement. Cette information, combinée avec les méthodes de contrôle disponibles, est utilisée pour les gérer avec des coûts les plus bas possible, avec le moins de risques possibles pour les humains et l'environnement.
L'approche peut être appliquée dans des situations agricoles ou non agricoles, telles que les habitations, les jardins... Elle tire profit de toutes les options de gestion des ravageurs, incluant l'usage précautionneux, ou du moins sensé l'être, des pesticides.
La production d'aliments biologiques applique de nombreux concepts similaires à ceux de la gestion intégrée des ravageurs mais limite l'usage des pesticides à ceux qui sont produits par des sources naturelles.
♦ Équivalent étranger : Integrated pest management.

Gestion intégrée des ressources en eau

♦ Processus social et politique qui consiste à coordonner les décisions et les actions sur l'eau, les milieux aquatiques et plus largement sur les différents éléments qui composent une unité hydrologique et qui ont un impact sur la qualité et les flux d'eau. Une unité hydrologique est un bassin versant ou une nappe souterraine.

La gestion intégrée des ressources en eau est un principe qui se veut consensuel et qui trace la voie nécessaire pour résoudre les problèmes d'usage de l'eau et de préservation de la ressource sur le long terme. Elle doit permettre de surmonter les limites de la gestion dite sectorielle ou régionale, qui tend à satisfaire des secteurs d'usagers, sans prise en compte réelle des interactions ni avec les autres secteurs et ni avec le milieu naturel.
Le principe de gestion intégrée des ressources en eau a été adopté par les instances internationales lors de la Conférence internationale sur l'eau et le développement à Dublin en 1992. Il s'inscrit dans le programme du développement durable qui ambitionne une meilleure intégration des multiples facettes du développement en respectant les milieux naturels.
Les deux grandes dimensions de la gestion intégrée sont :

  1. La reconnaissance de l'unicité de la ressource et le maintien du fonctionnement naturel des milieux aquatiques. L'équilibre de la ressource et la satisfaction des usages à long terme dépendent du bon fonctionnement écologique des milieux. Les interactions s'effectuent dans un espace fonctionnel qui dépasse le cours d'eau et ses affluents ou les contours d'une nappe souterraine et englobe une aire plus large où l'eau circule, à savoir le bassin versant ou l'aire d'alimentation d'une nappe souterraine. Dans cet espace, l'eau interagit avec son environnement bio-physique qu'il soit naturel ou artificiel (barrage…). Il y a un changement de paradigme dans le sens où l'eau n'est plus simplement considérée comme un flux qu'il faut maîtriser, retenir ou canaliser, mais comme le produit d'un système sous de fortes interactions : entre les eaux souterraines et les eaux de surface, entre les versants et les cours d'eau, entre l'amont et l'aval, entre les usages, entre les zones humides et les écoulements, entre le quantitatif et la qualitatif.
  2. La bonne gouvernance régionale de l'eau : la gestion de l'eau ne peut plus être centralisée dans les mains de l'État mais doit être confiée à des acteurs locaux ou régionaux. La réglementation nationale est un socle commun qu'il faut respecter mais ce sont les acteurs territoriaux qui rédigent les modes de gestion et des aménagements car ils sont censés être plus proches des réalités locales et, en partageant le pouvoir de décision, être en capacité de surmonter leurs divergences.

♦ Équivalent étranger : Integrated management of water resources.