Écologie

« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage "Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature" constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

Carbone bleu

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Glossaires

Terme Définition
Carbone bleu

♦ Terme inventé en 2009 pour attirer l'attention sur la dégradation des écosystèmes marins et côtiers et la nécessité de les conserver et de les restaurer pour atténuer le changement climatique et pour les autres services écosystémiques qu'ils fournissent. Le carbone bleu a de multiples significations qui reflètent les descriptions originales du concept, y compris (1) toute la matière organique capturée par les organismes marins, et (2) comment les écosystèmes marins pourraient être gérés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et ainsi contribuer à l'atténuation du changement climatique. La nature multiforme du concept du Carbone bleu a conduit à une collaboration sans précédent entre les disciplines, où scientifiques, écologistes et décideurs politiques ont intensément interagi pour faire avancer des objectifs communs. Certains écosystèmes côtiers (mangroves, marais littoraux et herbiers) sont des écosystèmes de carbone bleu établis car ils ont souvent des stocks de carbone élevés, soutiennent le stockage de carbone à long terme, offrent le potentiel de gérer les émissions de gaz à effet de serre et soutiennent d'autres politiques d'adaptation. Certains écosystèmes marins ne répondent pas aux critères clés d'inclusion dans le cadre du carbone bleu (par exemple, les poissons, les bivalves et les récifs coralliens). D'autres ont des lacunes dans la compréhension scientifique des stocks de carbone ou des flux de gaz à effet de serre, où il existe actuellement un potentiel limité de gestion ou de comptabilisation de la séquestration du carbone (macroalgues et phytoplancton), mais peuvent être considérés à l'avenir comme des écosystèmes de carbone bleu, une fois ces lacunes comblées.

> Carbone séquestré par les organismes vivants marins. Les habitats végétalisés de l'océan, en particulier les mangroves, les marais et les prairies sous-marines recouvrent moins de 1 % des fonds marins. Ces écosystèmes forment cependant les puits de carbone bleu de la Terre et représentent plus de la moitié du stockage de carbone dans les sédiments océaniques, et peut-être même jusqu'à 70 %.
Les puits de carbone bleu et les estuaires piègent et séquestrent entre 235 et 450 terragrammes de carbone par an (Tg C). En évitant la disparition et la dégradation de ces écosystèmes et en favorisant leur remise en état, on peut compenser 3 à 7 % des émissions actuelles de combustible fossile (7 200 Tg C par an) en 20 ans, plus de la moitié de la réduction prévue en diminuant la destruction des forêts pluviales.
L'effet serait comparable à au moins 10 % des réductions nécessaires pour que les concentrations de CO2 dans l'atmosphère se maintiennent en-dessous des 450 parties par million (ppm) pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas 2° C.
Contrairement à ce qui se passe sur terre, où le carbone peut rester séquestré plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, celui des océans reste pendant des millénaires.

> Actuellement, on estime qu'en moyenne, entre 2 et 7 % des puits de carbone bleu disparaissent chaque année, soit sept fois plus vite qu'il y a un demi-siècle. Dans certaines zones de l'Asie du Sud-Est, jusqu'à 90 % des mangroves ont disparu depuis les années 1940.
Des projets de réhabilitation à grande échelle des mangroves ont été réalisés avec succès, notamment dans le delta du Mékong au Vietnam ainsi dans les marais en Europe et aux États-Unis.
Plusieurs pays dont les côtes sont étendues et peu profondes pourraient envisager d'améliorer leurs puits de carbone marin, notamment l'Inde, de nombreux pays de l'Asie du Sud-Est, des pays riverains de la mer Noire, d'Afrique de l'Ouest, des Caraïbes, de la Méditerranée, de la côte est des États-Unis et de la Russie.
Outre les fonctions évidentes de ces écosystèmes pour le piégeage du carbone, ceux-ci sont indispensables pour les pêcheries et le tourisme. En effet, ils assurent l'alimentation de base de près de trois milliards de personnes ainsi que 50 % des protéines animales et des minéraux de 400 millions d'habitants des pays les moins développés. Enfin, les zones côtières, qui ne représentent que 7 % de la surface totale des océans, fournissant 50 % de la production piscicole mondiale, assurent le filtrage de l'eau, diminuent les effets de la pollution côtière, favorisent la sédimentation, la protection des côtes contre l'érosion et limitent les conséquences des événements climatiques extrêmes.

Équivalent étranger : Blue carbon.