Comment faire une « sociologie des singes » et une « éthique » de l’expérimentation animale ?
Auteurs:Gallino‑Visman, Sophie
Année de publication:2013
Date de publication:2013-12-30
Cette communication m’offre la possibilité d’exposer les avancées de ma thèse de sociologie à la Société Francophone De Primatologie, laquelle a soutenu le projet à travers la bourse tremplin en 2010. Dans un premier temps, j’aimerais pouvoir légitimer ma position de sociologue à étudier les singes de laboratoire – et autres primates non humains – et leurs rapports avec les hommes et les femmes qui travaillent dans le domaine de l’expérimentation animale. Cette légitimation se situe dans le cadre du désert théorique de ma discipline, laquelle ne possède pas, à ce jour, de champ propre à la question animale. Peut être est-ce dû au mépris pour cet objet d’étude, comme l’entendent beaucoup de philosophes. Pourtant, il me semble possible et nécessaire de créer une sociologie de la question animale qui, en plus d’inspirer tous les autres champs sociologiques, pourrait apporter un nouveau regard sur les animaux et servir aux autres disciplines. A noter qu’à l’appellation de « sociologie des études animale » nous pourrions préférer celui d’« anthropozoologie » ou encore « sociologie des singes » (pour Bruno Latour, Shirley Strum serait une « sociologue des singes », et les babouins qu’elle étudia, « des sociologues à fourrure ») car ce champ, en processus de construction, nous l’aurons compris, reste à être défini. Afin d’illustrer celui-ci, je dresserai, toujours dans le premier temps de ma présentation, un rapide état des lieux de la manière dont les sociologues, ou les socio-anthropologues, analysent ce nouvel objet – pour les sciences humaines – avec leurs propres outils. Il s’agit, donc, de montrer en quoi le sociologue est aussi légitime que l’éthologue, ou le zoologue, dans l’étude des animaux. Dans le second temps de ma communication, je m’attarderai sur la façon dont la morale ou l’éthique se conçoivent, et se vivent, dans l’expérimentation animale et semblent même en être les socles. Aussi, je tenterai d’expliquer pour quelles raisons, malgré les polémiques autour de ce sujet sensible, cette pratique peut être considérée comme étant éthique.