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CongoFlux - Yangambi

CongoFlux - Le renouveau de Yangambi

>  Adossé à la Réserve de Biosphère de Yangambi (RdC - Province de la Tshopo), l’une des principales aires protégées menacées par l’anthropisation dans la région, l’Institut National d’Étude et de Recherche Agronomique (INERA), fleuron de la recherche agronomique dans les années 1950, retrouve peu à peu des couleurs.

Longtemps délaissée, cette institution est en voie de renaissance, notamment grâce au concours de l’Union européenne et du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) avec le projet FORETS (Formation, Recherche et Environnement dans la Tshopo) initié en 2012. 

INERA de Yangambi

Couplées au dynamisme de l’université voisine de Kisangani où sont formées à l’agroforesterie les nouvelles générations, la réhabilitation récente de l’Herbarium national - le plus riche d’Afrique centrale avec plus de 150 000 spécimens -  et la mise en service d’une tour de flux (CongoFlux) permettant de recueillir des données sur l’évolution de la biosphère locale sont les nouveaux atouts pour la gestion du patrimoine forestier régional.

 Réserve de biosphère de Yangambi - République démocratique du CongoRéserve de biosphère de Yangambi

Pour mieux comprendre l’importance de ce projet, quelques explications s’imposent. 

Estimer la production primaire de biomasse

> Deux méthodes complémentaires permettent d’estimer la production primaire de biomasse et de suivre les différents échanges physico-chimiques. La façon la plus ancienne consiste à comparer deux inventaires successifs (en forêt) ou à récolter la production (en culture et en prairie). Des mesures biométriques (en agro-système) et allométriques (en forêt) permettent d'estimer la production primaire nette à partir de la croissance des différentes parties végétales (tige/tronc, feuille, grains/fruits, racines, ...). 


FluxFlux au sein de l'écosystème forestier,
adapté de Chapin et al., 2002
Crédits - Observatoire pérenne de l'environnement

GPP : Gross Primary Productivity, productivité primaire brute : assimilation de CO2 atmosphérique par la photosynthèse pour la production de biomasse.
Ra, Rh : Respiration autotrophe (parties aériennes et racines) et hétérotrophe (micro-organismes du sol) rejetant du CO2 vers l'atmosphère.
FL : Lessivage du carbone organique des sols.
FP : Libération de CO2 dans l'atmosphère par combustion de la biomasse.
La productivité primaire nette de l'écosystème (Net Primary Productivity, NPP) correspond à la différence des gains et des pertes de C des plantes au niveau de l'écosystème ( GEP – Ra ).
La productivité nette de l'écosystème (Net Ecosystem Productivity, NEP) inclut également les pertes de C par les organismes hétérotrophes et le lessivage du C dissous ( NPP – (Rh + FL) ).

> Plus récemment, la  mesure des échanges de matière et d'énergie à l'aide d'outils micro-météorologiques couplée à des méthodes d'estimation des flux telle que la méthode des corrélations turbulentes (eddy covariance) permettent d'appréhender ces phénomènes. Cette méthode repose sur des mesures continues de rayonnement, de gaz à effet de serre (CO2, N2O, CH4, ...) et de paramètres météorologiques (vent, pression, température, humidité, ...) puis sur un traitement statistique pour évaluer ces échanges d'énergie (rayonnement, chaleur sensible, chaleur latente) et de matière (CO2, H2O, ...). L'intégration de ces flux sur une année ou une saison déterminée permet d'estimer la productivité nette à l'échelle de l'écosystème.

Complémentaires, les mesures biométriques et les mesures de flux sont donc des outils d'échelles qui permettent de caractériser le fonctionnement d'un écosystème (production, respiration, ...).

Un réseau de tours de flux pour monitorer le bassin du Congo

> Dépassant largement la canopée du haut de ses 55 mètres, la tour à flux de Yangambi inaugurée le 31 janvier 2021 est l’aboutissement d’un projet coordonné par l’ERAIFT et le CIFOR. C’est la première implantée dans le bassin du Congo. Au-delà des données collectées localement tout au long de l’année, cette plateforme va contribuer à la formation de chercheurs et de techniciens congolais, préalable nécessaire au déploiement d’un réseau qui permettra, sur des peuplements différents avec des conditions pédoclimatiques différentes, des gestions différentes, de mieux caractériser l'impact de ces différents facteurs sur le fonctionnement de l'écosystème constitué par cet immense bassin forestier essentiel pour l’équilibre des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.

 

Mesure Tour FluxSchéma d’une tour de flux
Crédits - Observatoire pérenne de l'environnement

> La tour CongoFlux est officiellement associée au réseau ICOS (Integrated Carbon Observation System), qui garantit la qualité, la gestion et la disponibilité des données.

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