Relations hommes-primates et politiques environnementales à l'épreuve du virus Ebola en Afrique de l'Ouest
Auteurs:Leblan, Vincent
Année de publication:2015
Date de publication:2015-01-26
La communauté des primatologues s'est fortement mobilisée sur les questions sanitaires suite à des hécatombes de primates dues à l’irruption du virus Ebola à partir d'un réservoir naturel en Côte d'Ivoire (années 1990) et en Afrique centrale (années 2000). Pour l'heure, rien n'indique que la souche Ebola Zaïre responsable de ravages sanitaires et d'importants troubles socio-politiques en Afrique de l'Ouest depuis fin 2013 se soit aussi répandue parmi des populations de primates ou chez d'autres espèces. On peut néanmoins anticiper les conséquences de cette crise sanitaire majeure sur les politiques environnementales dans les pays touchés, bien au-delà de la seule région d'apparition de la maladie. Le discours biomédical sur les causes écologiques de la transmission du virus à l'Homme emprunte ses modèles aux approches conservationnistes caractérisées par la persistance d'un fort dualisme entre nature et société : le grignotage des forêts par l'agriculture a pour effet d'accroître la fréquence des contacts entre hommes et primates et, par voie de conséquence, les risques associés aux anthropozoonoses. Il faut donc s'attendre au renforcement des dispositifs institutionnels de séparation (parcs, aires protégées...) entre humains et animaux. Nous interrogerons la pertinence de ce modèle, également endossé par une majorité de décideurs politiques, au moyen de connaissances ethnographiques, historiques et écologiques récentes concernant les dynamiques sociales et spatiales des relations humains-chimpanzés dans plusieurs localités ouest-africaines. Celles-ci peuvent non seulement contribuer à prévenir les anthropozoonoses mais aussi à repenser le rôle des pratiques locales dans l'élaboration des politiques environnementales.