Les bonobos se rappellent-ils la voix de leurs anciens partenaires ?
Auteurs:Levréro, Florence; Keenan, Sumir; Mathevon, Nicolas; Stevens, Jeroen MG; Guéry, Jean Pascal; Zuberbühler, Klaus
Année de publication:2017
Date de publication:2017-10-16
Cet article présente notre étude sur la reconnaissance vocale à long terme des partenaires sociaux chez les bonobos Pan paniscus. Ces résultats ont été publiés en 2016 dans la revue Scientific Reports 6 : 22046 | https://doi.org/10.1038/srep22046 et, avec l'accord de tous les co-auteurs, nous proposons ici une version française de cette étude pour la Revue de Primatologie. La reconnaissance sociale à long terme est vitale pour les espèces vivant dans des réseaux sociaux complexes et dans lesquels des individus familiers peuvent se rencontrer à nouveau après de longues périodes de séparation. Chez les primates non humains qui vivent dans des environnements forestiers denses, la visibilité est souvent limitée ; et, la reconnaissance des partenaires sociaux à longue distance dépend de la communication vocale. Etonnamment, la reconnaissance vocale de partenaires après des années de séparation n'a jamais été testée chez aucune espèce de grand singe, malgré l’organisation complexe de leur société et leur intelligence sociale. Nous montrons ici que les bonobos, Pan paniscus, sont capables d’une reconnaissance vocale fiable de leurs partenaires sociaux, et cela même s'ils ont été séparés pendant cinq ans. Nous avons testé expérimentalement les réponses de bonobos aux vocalisations d’anciens membres de leur groupe qui avaient été transférés entre parcs zoologiques. Malgré de longues périodes de séparation, les sujets ont répondu plus intensément aux voix familières qu'aux voix d'individus étrangers. Cette observation démontre expérimentalement que les bonobos peuvent discriminer des individus sur la seule base d’indice acoustique même des années après leur dernière rencontre. Notre étude suggère également que les bonobos peuvent cesser de faire la distinction entre des individus familiers et non familiers après une période de huit ans, indiquant que les représentations vocales ou l'intérêt pourraient être limités dans le temps chez cette espèce.