Glossaire

« Utiliser le bon mot, la bonne notion, le bon concept, avec la définition la plus couramment acceptée, ou mieux avec la définition la mieux acceptée et comprise relève parfois de l’exploit, … »
                                                     
 Patrick Triplet.

> Par cette citation, je souhaite rendre un vibrant hommage au travail de Titan réalisé sur plus de dix ans par ce biologiste, docteur en écologie dont l’ouvrage "Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature" constitue la source de très nombreuses définitions présentes dans ce glossaire. Utiliser un langage dont les mots recouvrent des concepts clairement définis permet à chacun d’aborder et de comprendre des domaines qui ne sont pas forcément de sa compétence.

> Ce glossaire qui regroupe plus de 6 000 définitions accompagnées de leur traduction anglaise est là pour vous y aider. Il couvre les domaines complémentaires que sont la Géographie, l’Écologie et l’Économie, sans oublier de faire un petit détour par la Finance qui régit dans l’ombre une bonne part de notre existence.

> Par lui-même, de définition en définition, ce glossaire vous invite à explorer l’univers riche de la conservation des milieux naturels, d’en comprendre les mécanismes et les enjeux.

À toutes et tous, nous souhaitons : “Excellente lecture et bon voyage”.

Vulnérabilité

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Terme Définition
Vulnérabilité

♦ Au sens le plus large, exprime le niveau de conséquences prévisibles d'un aléa (phénomène naturel) sur les enjeux.

  1. Se réfère à la probabilité que la valeur de la biodiversité d'un site sera perdue dans le futur. Aussi, la vulnérabilité peut également être vue comme une mesure de l'irremplaçabilité plutôt dans le temps que dans l'espace. Ainsi, les sites hautement vulnérables peuvent être protégés soit maintenant, soit jamais. Les sites faiblement menacés conservent des options de conservation pour le futur. La vulnérabilité peut être mesurée sur la base du site (probabilité qu'une espèce va disparaître du site), ou sur la base des espèces (probabilité que les espèces vont disparaître).
  2. La vulnérabilité est également le degré selon lequel un système risque de subir ou de ne pas tolérer les effets néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité du climat et les phénomènes climatiques extrêmes. La vulnérabilité dépend de la nature, de l'ampleur et du rythme de l'évolution et de la variation du climat auxquels un système est exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité d'adaptation.
  3. La vulnérabilité est également la sensibilité des personnes, des sites, des écosystèmes et des espèces à des stress ou des perturbations et à leur capacité à en absorber les conséquences tout en maintenant leur fonctionnement.

> La vulnérabilité d'un système a deux composantes :

  1. La sensibilité est le degré avec lequel un système est affecté, soit positivement, soit négativement, par un événement, dans le cadre du climat, ceci inclut le changement climatique : caractéristiques climatiques moyennes, variabilité climatique, fréquence et amplitude des extrêmes.
  2. La capacité adaptative qui est l'aptitude d'un système à s'ajuster à un changement climatique et à la variabilité du climat, à modérer des dommages potentiels et à prendre avantage des opportunités ou à composer avec les conséquences.

> Deux principales méthodes pour évaluer la vulnérabilité des aires protégées au changement climatique seront possibles :

A. Approche TVA

> Ce mode vise à évaluer les traits biologiques spécifiques à l'espèce qui peuvent augmenter ou diminuer les effets du changement climatique sur cette espèce. Ceci est fondé sur le cadre d'évaluation de la vulnérabilité au changement climatique de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui prend en compte trois composantes :

  1. La sensibilité >> Le manque de potentiel pour une espèce de persister
  2. La faible adaptabilité >> L'incapacité d'éviter les impacts négatifs du changement climatique par la dispersion et/ou le changement micro-évolutionnaire
  3. L'exposition >> L'étendue selon laquelle l'environnement physique de chaque espèce changera.

Les espèces qui combinent une sensibilité et un degré d'exposition élevés, et une faible capacité à s'adapter seront les plus vulnérables au changement climatique. Les méthodes de TVA permettent également d'identifier les espèces et les régions où elles sont concentrées, ce qui peut donc guider les options de gestion adaptative les plus appropriées pour chaque espèce. Les produits de cette méthode sont :

  • des rangs, des scores continus ou des variables binaires pour les composantes de vulnérabilité individuelle, utilisés pour dériver un score final de vulnérabilité ;
  • des cartes à grande échelle indiquant là où les espèces vulnérables sont concentrées.

B. Approche SDM

> La seconde approche (SDM) est pour le moment la plus utilisée pour évaluer la vulnérabilité des espèces au changement climatique et est fondée sur leur répartition actuelle et future prévue. Les produits du SDM peuvent être :

  • des cartes de distribution projetée à différents points dans le temps (c'est-à-dire tendances de répartition spatiale et temporelle) pour chaque espèce ;
  • des changements projetés dans la composition de la communauté d'espèces à l'échelle du site ou à l'échelle locale.

> Les deux méthodes ont des forces et faiblesses différentes. La force de la méthode SDM est qu'elle produit des cartes spatiales explicites de l'étendue actuelle et future des espèces, tandis que la méthode TVA produit des informations détaillées sur les traits biologiques pertinents en lien avec la vulnérabilité au changement climatique à l'échelle de l'espèce. La faiblesse de la méthode SDM concerne surtout le fait qu'elle ne considère pas les contraintes sur la distribution due aux traits biologiques inhérents des espèces, ou les facteurs tels que les barrières à la dispersion. Dans la méthode TVA, des cartes spatiales explicites de distribution future liée au changement climatique ne sont pas produites. Le SDM aide à donner des réponses à l'échelle du site à travers l'identification de la cible de gestion de l'espèce (la persistance, la colonisation ou un équilibre entre les deux) et le TVA donne des réponses pour chaque espèce en identifiant les composantes de la susceptibilité. L'intégration des deux approches fournit de plus robustes évaluations de la biodiversité au risque climatique, de sorte que des plans d'adaptation et des interventions puissent être mis en application.

> La planification de l'adaptation est donc l'objectif principal pour les planificateurs de la conservation :

  • Identifier les sites à protéger : viser les sites qui contiennent des espèces vulnérables, inclure les espèces avec une gamme de réponses au changement climatique.
  • Identifier les actions de gestion requises : identifier les espèces dont la persistance dépend d'un habitat spécifique et investir dans cet habitat (qui pourrait lui-même être affecté par le changement climatique) afin de protéger ces espèces.

♦ Équivalent étranger : Vulnerability.